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Le Président Macron l’a affirmé à la télévision : la France interdira les réseaux sociaux aux jeunes de moins de 15 ans d’ici « quelques mois » si rien n’est fait au niveau européen. Et c’est le premier problème, le niveau européen.
En fait, une loi française existe déjà depuis juin 2023. Elle établit une majorité numérique à 15 ans. Mais elle n’est jamais entrée en application, car elle fragmenterait la régulation européenne du numérique. Deux ans après, la Commission européenne n’a toujours pas donné sa réponse sur la conformité de cette loi.
Face à l’actualité tragique, Emmanuel Macron a montré une certaine impatience. La France pourrait donc, dans environ trois mois, essayer de forcer la main à Bruxelles en s’associant à d’autres pays. L’Espagne, la Grèce et l’Irlande seraient intéressées ; La France pourrait aussi se rapprocher du Danemark qui prendra la présidence européenne le 1 er juillet.
Officiellement, en Europe, les réseaux sociaux ne sont accessibles qu’à l’âge de 13 ans. Cette réglementation n’est pas respectée. Trois enfants sur quatre possèdent des comptes avant cet âge. On estime qu’un adolescent consulte son smartphone plus de 200 fois par jour.
Vérifier l’âge, plus compliqué qu’il n’y paraît
Certes il existe des techniques pour vérifier l’âge d’un utilisateur, reconnaissance faciale, par une IA, ou scan de la carte d’identité mais va-t-on ficher le visage de millions d’adolescents ? On ouvrirait alors la porte à un big brother digne de celui imaginé par George Orwell dans son roman 1984.
Par ailleurs les ados savent comment frauder. Ainsi je vous en parlais il y a quelques jours la France a interdit aux mineurs l’accès à certaines plateformes pornographiques. Avec vérification d’identité. Résultat cette interdiction a fait bondir la demande de VPN – réseaux privés virtuels – qui permettent de contourner des blocages géolocalisés.
Autre problème Instagram renvoie la balle à Google et Apple, qui gèrent les magasins d’applications sur les smartphones. Ce serait à ces deux groupes de contrôler l’âge des utilisateurs. Ce qu’ils refusent de faire !
Devant tous ces obstacles l’idée d’Emmanuel Macron ressemble à une fausse bonne idée. Reste le fond, et ces parents désemparés face à une nouvelle culture du branchement permanent, qui a supprimé le rêve et l’ennui, autrefois si féconds.
C’est un autre monde qu’il nous faut comprendre, apprendre et maîtriser. Car comme l’écrivait la philosophe Anna Harendt : « Chaque génération d’enfants est comme une invasion barbare que les adultes ont pour tâche de civiliser »


















