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Pour la première fois dans l’histoire de la Ve République, un ancien chef de l’État français sera incarcéré ce mardi matin. À Paris, dans la prison de la Santé, Nicolas Sarkozy bénéficiera de conditions plus favorables que le commun des prisonniers. Mais ce ne sera toutefois pas un séjour VIP, comme certains ont pu le dire.
Ce matin c’est l’effervescence dans les rédactions françaises. Les journalistes se demandent tous : « Et toi tu y vas ? », « Tu crois qu’on aura le droit d’installer des caméras sur le trottoir d’en face ? », « Est-ce qu’il entrera à pied ? »…
Il y a des précédents : je me souviens notamment de l’incarcération de Bernard Tapie en 1997. Arrivé discrètement, casqué, à l’arrière d’une moto dix minutes après un convoi bidon sur lequel tout le monde s’était rué. Je ne sais pas comment ça va se passer, mais je pense que la seule occasion de filmer Nicolas Sarkozy ce sera à la sortie de son domicile, où son fils Louis a organisé une manifestation de soutien…
Une protection jusqu’aux portes de la prison
On peut imaginer que l’ex-président ira serrer quelques mains, avant de monter dans le convoi qui le conduira à la prison. Il ne voyagera pas dans un panier à salade, mais bien dans sa limousine habituelle, suivie de ses gardes du corps. En effet, comme ancien président, il bénéficie d’une protection et elle ne s’arrêtera qu’aux portes de la prison.
Là, c’est l’administration pénitentiaire qui prendra le relais, et elle y travaille depuis des semaines.
Entrée discrète
Nous ne verrons pas Nicolas Sarkozy entrer à la Santé par la grande porte, escorté par deux policiers comme Dominique Strauss Kahn à New York, lors de sa fameuse marche de la honte. Ce sera plus discret : en voiture et par la porte de service. Il ne subira pas les procédures classiques d’admission et sera très certainement conduit sans délais dans le quartier où il résidera.
Les différents entretiens, avec notamment l’officier du quartier, le service d’insertion, et le médecin, seront menés dans une salle à part. La principale entrevue sera celle avec le directeur de la prison qui lui épargnera les questions classiques – nom, prénom, âge profession.
Procédure adaptée
Ensuite, il rejoindra sa cellule de 11 mètres carrés totalement isolée du reste de l’établissement. Pour des raisons de sécurité, il ne croisera jamais un autre détenu. Tous ses déplacements, au parloir, à la bibliothèque, ou à la salle des sports seront encadrés par trois surveillants. Quant aux promenades elles se feront, seul, dans une petite cour grillagée sur le dessus de la prison.
Le poète Guillaume Apollinaire qui est passé par là, a écrit : « Dans une fosse comme un ours… Chaque matin je me promène Tournons, tournons, tournons toujours ».
Pour le reste, il fera laver son linge chez lui. Mais il n’aura pas la possibilité de se faire livrer des repas. S’il veut améliorer l’ordinaire, il devra cantiner. Comme livre, il a dit qu’il emporterait le Comte de Monte Cristo : 1200 pages… Une lecture qui lui permettra, peut-être, de… s’évader.


















