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« Vider les frigos », « utiliser un groupe électrogène », « recharger les téléphones dans la voiture »… Pendant trois jours, ça a été « la débrouille » et l’improvisation chez Mélissa Fulbert, 38 ans, habitante de ce village situé à une demi-heure du littoral méditerranéen.
Le réseau de poteaux et lignes électriques a été réduit à néant quand les flammes ont ravagé le massif des Corbières dès mardi soir, plongeant dans le noir jusqu’à 5.000 foyers sur seize communes. Petit à petit, des groupes électrogènes ont été installés et le fournisseur Enedis a mis en place un circuit aérien provisoire, permettant de rétablir le courant partout samedi, selon la préfecture.
Privés d’eau potable : « Là, on a quand même enfin pu se doucher »
Au centre du village, à quelques mètres d’arbres noircis par le feu et d’une bâtisse brûlée, Mme Fulbert charge dans le coffre de sa voiture les quatre packs d’eau quotidiens prévus pour sa famille et stockés dans un local municipal. Elle se dit « complètement soulagée » du retour de l’électricité mais ne sait pas quand elle pourra à nouveau boire l’eau du robinet.
Depuis que l’incendie a directement touché Durban, elle, son mari et leur fille de onze ans, n’ont plus d’eau potable, de même que tout le village, alors que le département de l’Aude est placé en vigilance orange canicule. « Là on a pu se doucher et avoir un peu d’eau pour la journée », dit-elle.
Car si l’eau coule faiblement au robinet, elle « n’est pas testée », pointe Thomas Puech-Morel, conseiller municipal, et « on ne peut pas la considérer encore comme potable ». Ce n’est qu’après le passage de l’Agence régionale de la santé qu’elle pourra être consommée, dit-il.
En outre, cette commune, touchée par la sécheresse, était déjà approvisionnée en eau par des camions-citernes avant l’incendie. Mais à cause de la coupure d’électricité, « les surpresseurs ne pouvaient pas monter l’eau au château d’eau », précise le maire Alain Laborde, pour expliquer le débit au robinet.
« L’électricité c’est terrible ! »
« J’aurais préféré que ce ne soit que l’eau. L’électricité c’est terrible ! », souffle Marie-Paule Fernandez, agente territoriale spécialisée des écoles maternelles. Dans sa maison à l’entrée de Durban, cette habitante bientôt à la retraite a passé « trois jours sans lumière » et son frigo ne fonctionnant plus elle a dû « tout jeter », raconte-t-elle.
Sa Citroën noire stationnée dans la cour ne peut plus sortir à cause du portail électrique « qui ne s’ouvre plus ». Et elle a dû aller « chez des amis » pour charger son téléphone, jusqu’à ce que la petite amie de son fils lui apporte une batterie externe.
Certains habitants avaient bien installé des groupes électrogènes pour « alimenter les congélateurs et les réfrigérateurs », raconte le maire.
Mais sans électricité, « les pompes à essence de la station de service ne fonctionnaient pas. Donc, il est arrivé un moment où les groupes électrogènes n’ont plus été approvisionnés », ajoute M. Laborde.
Et si la situation se rétablit peu à peu, Mélissa Fulbert craint que ce soit encore compliqué pour un moment. « Les gens essayent de reprendre une vie normale, mais ça ne va pas être facile pendant ces quelques jours ou quelques semaines ».


















