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Analyse : que peut espérer Zelensky de sa rencontre avec Trump, 6 mois après avoir été humilié dans le Bureau ovale ?

Par RTL info avec Christophe Giltay
La rencontre à Washington entre Donald Trump et le président Ukrainien s’annonce difficile. Le locataire de la Maison Blanche a publié cette nuit un message explicite sur son réseau social affirmant que Volodymyr Zelensky pouvait mettre fin à la guerre avec la Russie « presque immédiatement ». Sous entendu, à condition de céder aux exigences de Vladimir Poutine.

Dans son message posté sur TruthSocial, Donald Trump est on ne peut plus explicite : « Souvenez-vous comment cela a commencé. Pas question de récupérer la Crimée donnée par Obama (il y a 12 ans, sans qu’un seul coup de feu ne soit tiré) et PAS QUESTION POUR L’UKRAINE D’ENTRER DANS L’OTAN. »

Quand on lit une telle déclaration, on peut se demander s’il reste encore beaucoup de choses à négocier avec Volodymyr Zelensky, d’autant que Trump a déjà répété plusieurs fois que la balle était dans le camp des Ukrainiens : ils n’ont qu’à céder, et tout s’arrangera.

Or, Volodymyr Zelensky l’a dit et répété : s’il est prêt à négocier, il ne veut pas céder un pouce de terrain à la Russie, et il rêve toujours d’intégrer l’OTAN. Bref, les positions sont inconciliables.

Les dirigeants européens, notamment Emmanuel Macron et Ursula von der Leyen, se sont invités à Washington sans y être conviés. On verra tout à l’heure si Trump les accepte à table, ou s’il les laisse dans l’antichambre.

Souvenez-vous de cette scène incroyable lors des obsèques du pape François : dans la basilique Saint-Pierre, Emmanuel Macron cherchant à s’immiscer dans un aparté entre Trump et Zelensky, écarté par le président américain, dans le genre : « T’es gentil, mais va jouer dans la cour, on doit causer entre grandes personnes. »

On garde aussi en mémoire la visite du président ukrainien à Washington, en février dernier, où il avait été tout simplement humilié par Trump et son vice-président. Bref, on aurait presque envie de dire, comme Molière dans Les Fourberies de Scapin : que vont-ils faire dans cette galère ? Ça paraît bien vain.

Concrètement, la Russie ne rendra jamais la Crimée, qu’elle considère comme un territoire russe depuis le XVIIe siècle, même si Nikita Khrouchtchev l’avait donnée à son Ukraine natale dans les années 1950. C’était l’Union soviétique, et l’Ukraine n’était qu’une république vassale de Moscou.

Le point d’achoppement, ce seront les régions russophones conquises à l’est de l’Ukraine. Comparaison n’est pas raison, mais c’est un peu comme l’Alsace entre la France et l’Allemagne aux XIXe et XXe siècles : au gré des guerres, successivement française puis allemande, allemande puis française… puis allemande, puis française. Un cessez-le-feu dans le Donbass figerait les positions, sans pour autant régler ce problème historique, qui se posera encore dans un siècle. L’important, c’est la contrepartie : si Zelensky cédait, qu’obtiendrait-il en échange ?

La sécurité, dit-on. Oui, mais sans intégrer l’OTAN, cela paraît illusoire… À moins d’un engagement ferme des Européens à intervenir militairement si Poutine attaquait à nouveau… On peut toujours rêver.

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