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Selon l’ONU, deux millions de Palestiniens sont aujourd’hui menacés par une famine généralisée. De nombreux pays, dont la Belgique, font entrer de l’aide humanitaire à Gaza. Mais elle semble bien dérisoire. Que fait l’Europe face à cette crise humanitaire ?
Pour répondre à cette question, Hadja Lahbib, la commissaire européenne en charge de l’aide humanitaire était invitée sur le plateau du RTL info 19h.
Pourquoi ne pas coordonner ces largages humanitaires au niveau européen ?
Ces largages sont l’initiative de pays européens et autres d’ailleurs, puisque les Émirats arabes unis ou la Turquie, y participent aussi. Je comprends ces démarches et elles sont justifiées par le manque d’accès terrestre, mais il faut être lucide : elles ne sont ni durables, ni efficaces, ni économiquement viables. Ça coûte extrêmement cher.
On voit que les gens se ruent sur des camions qui transportent de la farine. Humainement, comment est-ce que vous réagissez quand vous voyez ces images ?
C’est insoutenable. Je suis en contact avec les travailleurs d’aide humanitaire par exemple de MSF, de la Croix-Rouge internationale. Tous sont traumatisés. Je pense à quelqu’un en particulier à l’instant, à une femme qui s’est éteinte jeudi dans la soirée : c’est une grande perte pour la communauté juive de Belgique parce que c’est une enfant cachée. Elle est morte en gardant son secret parce qu’elle n’a jamais pu parler, ni à son mari, qui est aussi un rescapé de l’Holocauste, ni à ses enfants du drame qu’elle a vécu et je sais combien, pour ces victimes-là, il est difficile de voir dans une même phrase les termes « famine », « Israël » et « génocide » alignés ensemble.
Il faut construire cette solution à deux États, qui reste en fait la seule solution qui fait l’unanimité au sein de l’Union européenne. On en parlera demain lors du conseil d’extrême urgence et on parlera de ce plan de Netanyahu qui soulève une très vive inquiétude et qui est condamné par l’Union européenne.
Si on calcule, l’ONU estime avoir besoin de 10 000 tonnes d’aide par jour. Ça semble dérisoire, ce que fait l’Europe. Il n’y a pas moyen de faire plus ?
En aide humanitaire, on a dépensé depuis le 7 octobre 2023, 500 millions d’euros. C’est intenable. Ce qu’il nous faut, c’est une solution politique. Parce que ce n’est pas une crise humanitaire, c’est une crise qui est provoquée par des décisions géostratégiques et politiques. Le plan qui a été présenté aujourd’hui par Benjamin Netanyahu laisse entrevoir un nouvel épisode qui apportera de nouvelles tragédies, encore des morts et des bains de sang. Nous sommes très inquiets et nous condamnons ce plan.
