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Alors que le 26 mai marquera les deux ans de la libération d’Olivier Vandecasteele, d'autres ex-détenus d'Iran témoignent des conditions extrêmes de leur captivité et dénoncent une stratégie d’État orchestrée par Téhéran : la diplomatie des otages.
Bernard Phelan, franco-irlandais de 64 ans, a été libéré presque au même moment qu’Olivier Vandecasteele, en mai 2023. Employé d’une société de tourisme, il avait été arrêté en octobre 2022 dans le nord-est de l’Iran, pour avoir photographié une mosquée à Mashhad. Un geste anodin, qui a marqué le début d’un long cauchemar.
Après avoir passé sept mois dans une prison iranienne, il aperçoit l'avion dans lequel il rentrera à Paris le 12 mai 2023. "À ce moment-là, je suis excité, tellement content… J'ai des larmes de joie", se souvient-il.
Une arrestation motivée par sa nationalité
Bernard Phelan détenait à la fois un passeport irlandais et un passeport français. "Dès qu’ils ont vu que j’avais un passeport français, ça a fait sonner des cloches un peu partout dans les bureaux. Ils se sont dit "tiens, on a un Français". Et là, c’est le début d’un cauchemar", raconte-t-il.
Pour les autorités iraniennes, les ressortissants européens sont des pions. La stratégie est claire : échanger des citoyens français, suédois, autrichiens ou belges contre des prisonniers iraniens détenus en Europe. C'est ce qu'on appelle la diplomatie des otages.
Conditions de détention extrêmes
Comme Olivier Vandecasteele, arrêté huit mois plus tôt, Bernard Phelan décrit des conditions d’incarcération éprouvantes, bien que sans torture physique : "La lumière 24h sur 24, 7 jours sur 7 pendant 7 mois et demi, pas de soleil…. Vous ne savez pas quelle heure il est, si c’est le matin ou le soir. Vous êtes confus". Il ajoute : "On dormait dans un lit sans matelas. Les fenêtres laissaient passer l’air, c’était l’horreur".
Pour se réchauffer, les prisonniers improvisaient : "On remplissait des grosses bouteilles de Coca d’eau bouillante, on mettait un peu d’eau froide au fond pour ne pas que ça fonde, et c’était notre bouillotte".
Tu vas mourir en prison
L’isolement et la pression psychologique prenaient le relais de la torture physique. Lors d’un interrogatoire devant un juge iranien, Bernard refuse de signer une fausse confession d’espionnage. "Le juge me demande de sortir du bureau, il était énervé. Via le traducteur, il me dit : "Tu vas mourir en prison". Et ça a été un choc".
L'homme précise: "Je savais très bien que je n’allais pas mourir exécuté ou de torture, mais je me suis demandé si ma santé allait tenir".
Une amitié forgée dans l’épreuve
Affaibli, Bernard Phelan sera libéré quelques jours avant Olivier Vandecasteele. Durant leur détention, les deux hommes ont noué des liens très forts. "On a vécu des choses similaires, même si lui a été détenu plus longtemps que moi", explique Bernard.
"Aujourd'hui, on ne parle pas beaucoup de ça. On parle de ce qu’on peut faire pour les gens maintenant. On bataille avec l’Union européenne et avec nos gouvernements respectifs pour aider les futurs otages".
Une pratique toujours d’actualité
Aujourd’hui encore, environ quinze ressortissants européens seraient toujours détenus dans les prisons iraniennes. Deux ans après sa libération, Olivier Vandecasteele reste discret. Mais autour de lui, d’anciens otages, comme Bernard Phelan, refusent de rester silencieux face à ce qu’ils dénoncent comme une "diplomatie des otages" pratiquée par le régime iranien.


















