Partager:
Les humanitaires sont-ils devenus des cibles en Méditerranée ? La question se pose au vu de ces images : des garde-côtes libyens ont tiré délibérément sur le navire Ocean Viking de SOS Méditerranée, en pleine mission de sauvetage, dimanche dernier à 70 km des côtes au nord de Tripoli.
Parmi l’équipage, deux Belges dont John, qui se trouve alors sur le pont du bateau. « Je dirais que tétanisé, je me suis laissé tomber, ce qu’ont fait les autres équipes médicales. On a dû ramper au sol, on a pu continuer à entendre les tirs de rafales, les tirs au coup par coup, continuer à toucher plusieurs zones du bateau. C’est difficile de dire si c’était à côté de moi ou au-dessus ou en dessous. Et on s’est ensuite cachés dans ce qu’on appelle la citadelle. Ils ont probablement fait quatre fois le tour du bateau. Ils ont probablement tiré plus d’une centaine de coups ou au moins une centaine de coups. C’était une expérience que je ne souhaite pas revivre dans ma vie », explique-t-il.
Les impacts sur les fenêtres et le bâtiment des humanitaires ne laissent aucun doute sur les intentions des tireurs, mais les balles, de gros calibres, miraculeusement, ne touchent aucune personne. Le patrouilleur libyen a été donné par l’Italie en 2023 dans le cadre d’un programme européen de gestion des frontières.
« Pour résumer, aujourd’hui, vous avez un patrouilleur libyen qui est donné par l’Union Européenne et des personnes qui tirent sur des citoyens européens, des humanitaires européens. On demande à l’Union Européenne qu’elle cesse ses accords avec la Libye. On sait que c’est un pays qui est aux mains des ministres, qui sont en collusion avec des passeurs mais aussi des trafiquants de traites humaines », affirme Lucille Guenier, porte-parole du navire de l’ONG.
Le navire avait déjà été visé en 2023-2024, mais jamais avec des tirs directs sur les civils. Le bateau humanitaire se trouve désormais à l’ancre au port sicilien d’Augusta avec des équipements en grande partie détruits.
Le navire de SOS Méditerranée n’est pas le seul bâtiment humanitaire victime d’intimidation dans les eaux libyennes. L’ONG a porté secours à plus de 42 000 personnes depuis 2016.
