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Territoire bordé par Israël, l’Égypte et la mer Méditerranée, la bande de Gaza est le théâtre d’une catastrophe humanitaire. Avec ses 2,3 millions de Gazaouis, ce bout de terre est passé du statut d’enclave densément peuplée à celui de zone sinistrée. Le bilan humain serait d’environ 62 000 morts, dont plus de 18 000 enfants. Pour comprendre l’ampleur du désastre et la manière dont les événements ont évolué sur le terrain, l’analyse d’images satellites « avant/après » apporte un éclairage concret.
Agriculture à Beit Lahia : la fin de l’autosuffisance

Avant le début des hostilités, la bande de Gaza possédait une capacité non négligeable à produire sa propre nourriture. Elle était, dans une large mesure, autosuffisante en matière alimentaire. Mais la guerre a détruit cette autonomie. Les images satellites du secteur de Beit Lahia, dans le nord de Gaza, sont particulièrement éloquentes. Elles montrent la quasi-disparition des quelque 2 % de terres cultivables du territoire. Les bombardements, le blocus et les opérations militaires n’ont laissé derrière eux qu’un paysage dévasté. En plus des destructions végétales, la quasi-totalité du cheptel – les bovins et les poules – a péri, éliminant une autre source vitale de protéines.
Pêche à Gaza City : un port à l’arrêt, une source de vie tarie

Pour un territoire bordé par la Méditerranée, la pêche constituait historiquement l’une des principales sources d’alimentation et de revenus. Le Port de Gaza City en était le cœur. Les clichés montrent une évolution dramatique de ce lieu. Au-delà des dégâts matériels, l’interdiction d’accès à la mer est le coup de grâce. Depuis le 12 juillet 2025, Israël interdit aux pêcheurs l’accès à la zone maritime. Or, tant que l’entrée de l’aide humanitaire est restreinte, la pêche était l’une des rares manières de s’alimenter, mais aussi une source de revenu vitale pour des milliers de familles.
L’urgence humanitaire : mouvements de foule et prix prohibitifs

La conséquence directe de la destruction des capacités locales est la famine, confirmée par l’ONU dès le 22 août 2025. Aujourd’hui, les Gazaouis sont totalement dépendants de l’aide humanitaire. Les photos satellites centrées sur les points de distribution révèlent des mouvements de foule impressionnants à l’arrivée de chaque camion. Une dépendance qui coûte la vie : l’ONU estime que les forces israéliennes ont tué plus de 1 000 personnes en quête de nourriture depuis le mois de mai.
Gaza se redessine : l’apparition des « corridors » militaires

Au-delà des destructions de maisons (78 % des structures ont été endommagées, selon l’ONU), ce qui redessine de façon majeure la bande de Gaza, c’est l’apparition de larges corridors militaires. L’évolution du Corridor de Mefalsim, dans le nord, est la plus visible sur les images satellites. Il fait partie des quatre principales lignes de démolition qui divisent désormais le territoire. Ces corridors ont plusieurs objectifs stratégiques : fragmenter le territoire, sécuriser les déplacements, isoler et déplacer la population. Depuis le début de la guerre, le schéma s’est répété : après avoir fui le Nord vers le Sud, puis avoir été attaqués à Rafah, près de 2 millions de Gazaouis sont désormais déplacés.


















