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« Garçon sociable, discipliné, amical » : en Russie, des enfants ukrainiens kidnappés sont proposés à des familles… sur un site internet

Par RTL info avec Chantal Monet, Steve Damman et Elisabeth Wouters
Après trois ans et demi de guerre, 19 % de l’Ukraine est contrôlée totalement ou partiellement par Moscou. On estime que 3 à 3,5 millions d’Ukrainiens vivent sous occupation. Entre peur et répression, la « russification » avance à marche forcée.

Anna, qui vit dans une région occupée par Moscou, sourit encore. « La résilience des Ukrainiens », dit-elle. Seulement, cette mère est brisée depuis la disparition d’Anton, son fils de 22 ans dont elle n’a plus de nouvelles depuis 3 ans et demi.

Handicapé, Anton vivait depuis son enfance dans une institution à Oleshki, dans le sud et sa mère lui rendait visite plusieurs fois par semaine. Tout a basculé lorsqu’Anton fut déporté par les Russes, quand ils ont pris la ville. « La Russie est terroriste, je n’ai rien à ajouter. Son but, détruire notre nation, je ne peux pas l’appeler autrement. Pourquoi des enfants handicapés ont-ils été enlevés ? », s’insurge-t-elle.

Le gouvernement ukrainien a déjà répertorié 19.546 déportations. De son côté, la Russie se vante d’avoir sauvé 700.000 enfants du régime nazi et beaucoup d’entre eux destinés à l’adoption. Un site propose même un catalogue d’enfants : les familles russes choisissent la couleur des yeux et des cheveux, l’âge ou encore le caractère. « Discipliné, amical, équilibré, ce garçon est sociable », peut-on par exemple lire à côté d’une description.

Retrouver Anton et d’autres, c’est la mission que s’est donnée Mariam, une Belge qui a lâché son travail il y a 4 ans. Elle totalise 72 voyages en Ukraine. « Ce qui m’avait marqué le plus, c’était un adolescent de 15 ans qui passait la frontière, sa maman l’attendait et ne parlait pas. Quand il parlait, il parlait très doucement parce qu’il avait peur qu’on l’entende. Ça décrit ce qui se passe quand vous vivez sous occupation russe. Vous n’avez pas le droit à la parole, la moindre chose que vous pouvez dire pourrait se retourner contre vous », explique-t-elle à notre micro.

Avec sa fondation, Mariam a déjà pu ramener 48 enfants des territoires russes ou occupés. « Ce que je pensais être une bonne nouvelle était un déchirement émotionnel. Parce qu’en fait, les mamans, quand elles redécouvrent leur enfant qu’elles n’ont pas vu depuis 2 ans… Vous savez, quand vous avez une fille de 8 ans et qui disparaît pendant 3 ans, vous ne la reconnaissez pas. Il y avait des cris vraiment de douleurs énormes », décrit-elle encore.

De son côté, Anna espère encore pouvoir revoir son fils : « Je voudrais dire à Anton que je l’attends, que je le vois, que je l’entends. Lui dire que maman est là, même si je suis loin. Lui dire que je fais tout mon possible pour que nous puissions nous embrasser, nous serrer dans les bras et nous revoir le plus vite possible ».

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