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« Jamais aussi proches » d’un cessez-le-feu en Ukraine : vraiment ?

Par Christophe Giltay
A-t-on franchi un pas décisif pour un cessez-le-feu durable en Ukraine ? Les négociateurs américains ont assuré hier que les États-Unis avaient offert à Kiev des garanties de sécurité « très fortes » mais acceptables pour la Russie. Mais des divergences persistent néanmoins sur la question des concessions territoriales et l’éventuel déploiement de troupes d’interposition.

On n’en est pas encore à un accord de paix, mais les leaders européens réunis pendant deux jours à Berlin, avec le président ukrainien et les émissaires américains, sont parvenus à des avancées sur une question centrale, les garanties de sécurité solides en cas de cessez-le-feu.

Vers une force de 800.000 hommes en Ukraine... mais pas d’Américains

Les Européens et les Américains se seraient entendus pour apporter un « soutien à l’Ukraine dans la constitution de ses forces armées, qui devraient rester à un niveau de 800.000 soldats en temps de paix ».

Les négociateurs auraient même envisagé un dispositif comparable à celui de l’article 5 de l’OTAN qui stipule qu’en cas d’attaque contre un des membres, les autres lui apportent immédiatement leur appui. Les Européens ont également proposé de diriger en Ukraine une « force multinationale » qui serait « composée de contributions de nations volontaires et soutenue par les États-Unis ».

En clair, s’il devait y avoir des troupes d’interposition au sol, elles seraient européennes, les États-Unis apportant une aide extérieure, par exemple dans le domaine du renseignement ou d’un éventuel appui aérien.

Qui va payer la reconstruction ?

Il y a aussi un aspect économique dans ce projet, avec la perspective de reconstruire l’Ukraine. Mais ça reste à préciser, surtout si les Américains imaginent envoyer sur place leurs entreprises et leur matériel mais payés par les Européens.

Et c’est là qu’on retrouve la question des avoirs russes gelés à Bruxelles, qui pourraient permettre de garantir un prêt massif. Or la Belgique, qui n’était pas à Berlin, n’a toujours pas donné son assentiment…

Toujours le problème principal : les territoires envahis

Très optimiste hier soir, Donald Trump a assuré, après s’être entretenu par téléphone avec Volodymyr Zelensky, qu’un accord sur l’Ukraine n’avait « jamais » été aussi « proche ». Oui… Faut-il encore que les Russes approuvent cette nouvelle version.

Et puis il reste le grand problème la question territoriale. Kiev refuse toujours, de céder l’intégralité du Donbass, y compris les zones non conquises par la Russie. C’est une ligne rouge.

Comme à Chypre ou entre les deux Corées ?

Parmi les options possibles, une stabilisation du front dans la situation actuelle et la création d’une zone démilitarisée comme il en existe une entre la Corée du Sud et celle du nord, ou encore entre les parties grecques et turques de Chypre.

Il n’est pas sûr que Vladimir Poutine accepte cette solution éternellement provisoire. En Corée elle dure depuis 72 ans, à Chypre depuis 51 ans. Il existe même, près du cercle polaire, des îles démilitarisées entre la Russie et la Finlande depuis la fin de la guerre de Crimée en 1856. Alors que dire de ce plan proposé hier ? Eh bien, qu’il a le mérite d’exister.

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