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« J’en suis à ma 64e opération » : quand les victimes des attentats se reconstruisent… à coups de pédales dans un projet hors du commun

Par RTL info avec Corentin Simon, Catherine Vanzeveren, Olivier Mozer, Alain Fish et Patrice Gautot.
85 rescapés d’attentats à travers le monde ont escaladé ce dimanche plusieurs cols du Tour de France. Un défi physique et symbolique pour montrer qu’il est possible de se relever, ensemble.

Ils ne sont pas venus pour la performance, mais pour le symbole. Ce dimanche, 85 cyclistes pas comme les autres ont gravi les pentes exigeantes du Mont-Dore, dans le Massif central. Tous ont été victimes directement ou indirectement d’attentats terroristes, survenus en Europe ou ailleurs dans le monde.

À l’arrivée, la fierté se mêlait à une profonde émotion. Pour eux, gravir une montagne, c’est revivre en accéléré les étapes de leur reconstruction. « Nous ne sommes plus seuls, nous sentons de la force, une force qui est détournée d’une très mauvaise expérience dans nos vies », confie Astrid Passin, survivante de l’attentat de Berlin.

« Il y a une vie après l’attentat »

Karen Northshield, blessée lors des attentats de Bruxelles en 2016, a elle aussi participé à cette montée. « Je suis à ma 64e opération, après avoir été quatre ans à l’hôpital, avec zéro chance de survie. Donc je peux dire que pour moi c’est vraiment une belle victoire chaque année de grimper le col en sachant que j’ai connu pire. »

Pour Thomas, rescapé du Bataclan, le vélo est une métaphore de la vie après le drame : « Quand ça va très bien, on est tout en haut, puis quand ça va très mal, ça redescend très vite. C’est un peu comme un vélo. »

Martine Wintenberger, blessée lors de l’attentat du marché de Noël de Strasbourg, trouve elle aussi un sens dans cet effort collectif : « Quand je nous vois tous monter comme ça, ces ascensions, je me dis que c’est extraordinaire. Il y a une vie après l’attentat. »

Victimes, mais pas seules

Parmi les participants, certains n’ont pas été directement ciblés, mais ont vécu les événements de près, comme Frédéric Van Leeuw, ancien procureur fédéral belge au moment des attentats du 22 mars 2016 à Bruxelles. Il souligne l’importance de reconnaître la souffrance partagée : « Pouvoir reconnaître qu’on n’en est pas ressorti intact, c’est vraiment important. Et que ce soit bien accueilli par les victimes, parce qu’on a toujours un peu cette pudeur de dire qu’avec ce qu’elles ont vécu, on ne peut pas se plaindre. »

Depuis les attentats du 11 septembre 2001 à New York, on estime que 13 millions de personnes ont été touchées par le terrorisme à travers le monde. Beaucoup d’entre elles peinent à retrouver une place dans la société.

Une action pour faire bouger les lignes

L’événement était organisé par l’association V-Europe, qui accompagne les victimes d’attentats. Son directeur, Philippe Van Steenkiste, insiste sur l’importance de renforcer leur visibilité et leur intégration : « Le but ici, c’est aussi de montrer qu’il y a un côté positif qui se développe grâce à la résilience. Et donc on demande de se soutenir et de développer cette résilience, mais aussi que les victimes soient acceptées comme des gens ordinaires. »

L’association rappelle également deux demandes fortes adressées aux autorités belges : la création d’un fonds de garantie pour les victimes et la mise en place d’un point de contact unique, pour simplifier leurs démarches administratives.

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