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Les États-Unis taxent l’Inde à… 50 % : le taux le plus élevé du monde, de nombreux secteurs vont être impactés

Par Christophe Giltay
Il y a une semaine, l’Union européenne signait avec les États-Unis un accord commercial qui établit que la plupart des produits de l’Union exportés aux États-Unis seront taxés à 15 %. On peut encore s’estimer heureux parce que les États-Unis ont imposé mercredi à l’Inde des droits de douane de 50 %… Les plus élevés au monde ! Washington accuse l’Inde de financer indirectement la guerre en Ukraine par ses achats massifs de pétrole russe. La mesure pourrait avoir un impact considérable sur l’économie indienne.

Autrefois, les Américains pratiquaient la diplomatie de la canonnière, imposant au monde leur volonté par la force militaire. Aujourd’hui, c’est la diplomatie du portefeuille.

D’ailleurs, faut-il encore appeler ça de la diplomatie ? Le conseiller de la Maison Blanche pour le commerce Peter Navarro a déclaré récemment. « L’Inde agit comme un bureau mondial de blanchiment du pétrole russe, en transformant du brut en exportations juteuses et en offrant à Moscou les dollars dont elle a besoin ».

Pour parodier une phrase célèbre du général prussien Carl Von Clausewitz, le commerce « c’est la poursuite de la guerre par d’autres moyens. »

D’abord les faits : l’Inde a effectivement augmenté considérablement ses importations de pétrole russe. En 2022, il représentait 2 % de la consommation indienne. Aujourd’hui, c’est 36 %. Après la Chine, l’Union indienne est le deuxième débouché pour le brut russe. Elle y trouve son compte car la Russie lui fait une ristourne de 7 % sur les cours mondiaux. Avec 1,8 million de barils importé chaque jour, ça fait des sous.

Mais l’Inde se défend en disant que ces achats participent à la stabilisation des cours, et que l’Europe comme les États-Unis n’ont aucune réticence à acheter à l’Inde du pétrole raffiné, même s’il est d’origine russe. Par ailleurs, les Américains ont épargné la punition à deux secteurs : la pharmacie, ils ont besoin de médicaments indiens et l’électronique – les « iPhone » de la société américaine Apple sont en partie fabriqués en Inde.

Des secteurs touchés, une perte du PIB

En revanche, de nombreux secteurs de l’économie du pays le plus peuplé du monde – avec 1,4 milliard d’habitants – vont être impactés : le textile, les fruits de mer, la joaillerie, le photovoltaïque dont les États-Unis sont le premier marché. De nombreux contrats ont déjà été annulés avec pour conséquences d’importantes suppressions d’emplois.

Comme toujours dans ce genre de crise, ce sont le plus pauvres qui seront impactés, et le gouvernement indien a déjà prévu des baisses de taxes sur les produits de première nécessité pour soutenir la consommation. Les grands cabinets d’expert économiques estiment que l’Inde pourrait perdre entre 0,7 et 1,2 % de PIB .

C’est conséquent mais pas insurmontable à long terme, car l’Inde a dans cette guerre commerciale un allié qui s’appelle la Chine, à peine moins peuplée avec, elle aussi, environ 1,4 milliard d’habitants. D’ailleurs, le premier ministre indien Narendra Modi se rendra à Pékin ce week-end.

Quant aux Américains, ils n’ont pas totalement rompu les négociations et demandent, à l’Inde, pour diminuer leurs représailles d’importer plus de produits agricoles et laitiers des États-Unis… Au détriment bien sûr des agriculteurs indiens ! Ne cherchez pas une morale à cette histoire, il n’y en a pas.

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