Partager:
En Suède, l'émotion est forte après l'attentat qui a coûté la vie à deux citoyens du pays lundi soir à Bruxelles. "Jamais, dans l'Histoire récente, la Suède et les intérêts suédois n'ont été aussi menacés qu'aujourd'hui", a souligné mardi le Premier ministre, Ulf Kristersson lors d'une conférence de presse consacrée à cette attaque.
Hugo Lindkvist, journaliste au média suédois Dagens Nyheter, a été envoyé à Bruxelles aujourd'hui. Il évoque l'état d'esprit de ses compatriotes après cette attaque ciblée. "Les gens sont très affectés et très choqués", dit-il. "Les citoyens suédois ont été ciblés dans la capitale d'un pays étranger. Des personnes innocentes qui étaient là pour regarder un match de football."
Hier soir au stade, les supporters belges ont montré beaucoup de solidarité avec les Suédois. "J'ai parlé avec des supporters qui ont quitté la Belgique ce matin", raconte Hugo Lindkvist. "Ils ont tous évoqué cette solidarité. Car ils l'ont senti dans le stade. Ils ont été réconfortés de voir que les Belges étaient à leurs côtés. Notamment quand ils ont allumé la lumière sur leur téléphone ainsi que les chants. C'était touchant pour les supporters suédois qui étaient là. Car savoir que leur maillot aux couleurs du pays pouvait les mettre en danger, c'était un sentiment compliqué."
La Suède avait dû rehausser son niveau d'alerte
La Suède avait dû rehausser le 17 août son niveau d'alerte au risque terroriste à quatre sur une échelle de cinq en raison des tensions suscitées par les autodafés de Coran survenus sur son sol depuis le début d'année.
Ces profanations ont porté un coup aux relations avec plusieurs pays musulmans, l'ambassade de Suède à Bagdad ayant ainsi été incendiée en juillet tandis qu'un cocktail molotov visait la représentation à Beyrouth en août.
Al-Qaïda avait en parallèle appelé à commettre des attaques terroristes dans le pays scandinave.
"Rangez vos maillots et rentrez"!"
Les services de renseignement ont indiqué mardi qu'ils maintenaient ce niveau de vigilance. "Cette situation est grave et le service de sécurité suédois estime qu'elle va perdurer", selon eux.
Mais avec l'attentat de Bruxelles, la menace s'est brutalement matérialisée sur les citoyens suédois.
"Nous regardions les supporters suédois et nous étions vraiment inquiets pour leur sécurité", a raconté au quotidien DN Andreas Matz, journaliste pour la radio publique suédoise présent au stade et qui a, comme les supporters, été escorté jusqu'à son hôtel par la police belge.
"Quand vous voyez les supporters suédois avec leurs maillots jaunes, c'est une joie merveilleuse (...) Maintenant, à l'avenir, je me dirai à chaque fois : +Bon sang, allez-vous vraiment porter ces maillots ?+, a-t-il ajouté.
La même sidération a saisi le responsable de la sécurité de la Fédération suédoise de football, Martin Fredman.
"Nous leur avons dit de ranger tous leurs maillots bleu et jaune (couleurs du drapeau de la Suède, ndlr) et de rentrer chez eux", a expliqué à l'AFP Martin Fredman, responsable de la sécurité à la Fédération.
"En tant que Suédois, nous sommes très peu habitués à être pris pour cible", a-t-il souligné.
Parcourir en bus "les rues de Bruxelles avec un grand nombre de policiers munis d'armes automatiques et d'armes de maintien de l'ordre pour nous aider à entrer dans nos hôtels est quelque chose que peu d'entre nous ont vécu auparavant", a raconté M. Fredman.
"Et pourtant, j'ai travaillé en tant que policier toute ma vie", a-t-il ajouté.
Devant ce brutal changement de contexte, le gouvernement suédois cherche une voie entre sa traditionnelle ouverture et une nécessaire vigilance accrue.
"Nous devons défendre nos valeurs et nous y tenir. En même temps, nous devons mieux protéger la Suède et les vies suédoises. Nous ne pouvons tout simplement pas être naïfs", a dit le Premier ministre.