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Un triste anniversaire approche : le Japon, première victime du feu nucléaire il y a 80 ans à Hiroshima

Par RTL info avec Belga
Le 06 août 1945, il y a 80 ans, le Japon, alors en guerre contre les États-Unis, devenait la première (et dernière) victime du feu nucléaire.

Vers 08h16, par une matinée chaude et ensoleillée, la ville d’Hiroshima, située dans le sud du pays, est soudain traversée par un large éclair blanc suivi d’une onde de choc et d’une immense boule de feu. La bombe nucléaire « Little Boy » anéantit toute trace de vie humaine sur plusieurs kilomètres carrés et tue près de 80.000 personnes sur le coup.

Dès la reddition de l’Allemagne nazie en mai 1945, le Japon est le dernier membre des forces de l’axe (Allemagne et Italie) à ne pas avoir capitulé. Malgré une situation extrêmement compliquée sur le plan militaire avec une flotte réduite à peau de chagrin, les autorités militaires sont en faveur de la poursuite des hostilités dans la zone du Pacifique.

En mars, Tokyo avait déjà subi un bombardement de grande ampleur, au cours duquel près de 100.000 personnes avaient été tuées et la ville ravagée par les bombes incendiaires. Depuis lors, les raids américains s’étaient multipliés sur une soixantaine de villes nipponnes, sans impact sur la position des autorités.

Le 26 juillet, les États-Unis, le Royaume-Uni et la Chine (dont une partie du territoire subissait encore l’occupation japonaise) appellent le Japon à capituler dans la déclaration de Potsdam. En sous-main, les autorités japonaises entament des négociations avec l’URSS, avec qui elles avaient signé un pacte de non-agression en 1941, et comptent sur Moscou pour superviser des négociations avant de se prononcer sur une éventuelle capitulation. Le stratagème échoue et les Japonais émettent une fin de non-recevoir.

De leur côté, les Américains travaillaient depuis plusieurs mois déjà sur une liste de villes cibles au Japon et l’ordre final d’attaque est approuvé le 25 juillet, soit la veille de la déclaration de Potsdam. Il stipulait qu’une attaque avec une « bombe spéciale » pourrait viser les villes de Hiroshima, Kokura, Niigata ou Nagasaki « après le 3 août environ ».

Le matin du 6 août, la météo clémente scelle le sort de la ville d’Hiroshima. Plusieurs avions américains partis en éclaireur indiquent que les autres villes sur la liste sont recouvertes de nuages, empêchant le bombardement visuel souhaité. Vers 02h45 du matin, le bombardier Enola Gay, transportant la bombe « Little Boy » décolle de l’île de Tinian dans les Marshalls.

Les Japonais, alertés par le survol des bombardiers de reconnaissance venaient de lever l’alerte lorsque le B29 transportant la bombe apparaît sur leur radar. Ceux-ci estiment que la présence d’un seul avion n’est pas de nature à déclencher une alerte.

Vers 08h15, la bombe est larguée à plus de 9.000 mètres d’altitude. Une minute plus tard, elle explose à 580 mètres d’altitude, au-dessus de l’hôpital Shima, en plein cœur de la ville. Une énergie équivalente à 15.000 tonnes de TNT est libérée et un éclair aveuglant traverse la ville. Une boule de feu libérant une chaleur de 6.000 degrés en son centre brûle tout sur 500 mètres à la ronde. La majorité des constructions sont balayées par un souffle semblable à des vents violents pouvant atteindre 800 km/h.

Selon des estimations, sur les 245.000 habitants, 78.150 meurent sur le coup et 13.982 sont portés disparus. Au total, le bombardement pourrait avoir fait plus de 140.000 victimes, des milliers de personnes brûlées et irradiées ayant succombé dans les jours et les mois qui suivirent.

Il faut plusieurs heures avant que le gouvernement de Tokyo soit mis au courant de la catastrophe, l’ensemble des liaisons téléphoniques ayant été coupées par l’explosion. La déclaration du président américain Harry Truman, qui survient en fin de journée au Japon, permet de déterminer les causes d’un tel ravage.

Dans la capitale, les réunions au plus haut niveau entre l’empereur Hirohito et ses ministres s’enlisent et ne permettent pas d’aboutir à un consensus sur la marche à suivre. La possibilité de capituler est examinée et la question du maintien de l’empereur en cas de reddition occupe les discussions. Une intervention des Soviétiques dans un éventuel processus de paix est encore attendue, en vain.

Le 09 août, la ville de Nagasaki sera la victime collatérale des atermoiements du camp japonais. Une bombe à plutonium, plus puissante que celle ayant frappé Hiroshima, tue plus de 74.000 personnes sur le coup.

Depuis 80 ans, la ville d’Hiroshima est devenue une métropole moderne de plus d’un million d’habitants. Malgré cette modernité trépidante, le Mémorial de la paix, érigé sur les lieux du cœur de l’explosion, rappelle aux visiteurs la puissance funeste de l’armement nucléaire. Le Dôme de Genbaku, seul bâtiment à avoir partiellement résisté (en béton armé), dresse sa silhouette fantomatique dans la quiétude d’un parc où la nature a repris ses droits. Non loin de là, brûle jour et nuit une flamme pour la paix depuis 1964. Son concepteur a souhaité qu’elle brûle tant que le monde ne se sera pas débarrassé du feu nucléaire.

En 2024, l’association Nihon Hidankyo, qui représente les survivants des deux bombes nucléaires, appelés « Hibakusha », a été honorée par le prix Nobel de la paix pour son plaidoyer contre l’armement nucléaire.

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