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Le Portugal observe jeudi une journée de deuil national au lendemain du déraillement d’un funiculaire emblématique de Lisbonne qui a fait au moins 16 morts et 21 blessés dans un des quartiers ultra touristiques de Lisbonne.
Lisbonne est sous le choc jeudi, après le spectaculaire deraillement la veille d’un funiculaire emblématique de la capitale portugaise emprunté par de nombreux touristes.




Qui sont les victimes ?
Ce jeudi matin, le bilan a été porté par les secours à 16 morts et 21 blessés -- ce qui correspond quasiment à la capacité totale du funiculaire, qui peut transporter une quarantaine de personnes.
Parmi ces victimes, de nombreux étrangers, ce funiculaire étant l’un des arrêts classiques des touristes dans la capitale portugaise.
Selon les secours, qui n’avaient pas encore communiqué le décompte des nationalités pour les morts, 11 étrangers se trouvaient parmi les blessés : deux Allemands, deux Espagnols, une Française, un Italien, un Suisse, un Canadien, un Sud-coréen, un Marocain et un Cap-verdien, a-t-elle précisé en ajoutant que la nationalité des morts serait communiquée ultérieurement par le ministère public.
Selon une source policière citée par le site d’information portugais Observador, une famille allemande a notamment été victime de l’accident : le père aurait été tué, la mère serait dans un état critique et leur enfant de trois ans aurait été légèrement blessé.
On était en route vers l’arrêt
Parmi les personnes qui peuvent s’estimer heureuses d’être encore en vie, il y a Peter Soenen, un habitant de Ypres, âgé de 50 ans. Avec un ami, il était en vacances dans la capitale portugaise : « L’accident s’est produit à quelques centaines de mètres de notre hôtel », a-t-il expliqué à nos confrères du Nieuwsblad.
Les deux Belges comptaient justement prendre le funiculaire pour profiter de la vue sur les hauteurs de Lisbonne : « C’était notre plan pour ce mercredi soir. Dans l’après-midi, on avait déjà acheté notre ticket et on était en route vers l’arrêt, avec nos tickets en main. Quand on est arrivé au coin de la rue, on a vu la carcasse ».
Peter poursuit : « Quand on est arrivés, la poussière était encore en train de retomber. On n’a rien entendu car il y a beaucoup de bruit dans la ville, mais on a eu un sentiment bizarre, car il y a eu un grand silence dans un premier temps. Il y avait pas mal de gens autour, mais ils regardaient tous, incrédules. Puis les gens ont commencé à crier et les premières voitures de police sont arrivées… Puis c’était la panique ».
Que s’est-il passé ?
La justice a annoncé l’ouverture d’une enquête après que le wagon du célèbre ascenseur de la Gloria, reliant l’Avenue de la Liberté au mirador de Sao Pedro de Alcantara, s’est écrasé contre un bâtiment mercredi peu après 18H00 locale.
D’après le récit d’une témoin relayé par les médiaux locaux, l’un des deux wagons jaunes qui montent et descendent ce dénivelé de 48 mètres en même temps, en système de contrepoids, est arrivé au bout de son parcours au pied de la chaussée de façon abrupte, dépassant légèrement sa station d’arrêt habituelle.
« Des programmes de maintenance mensuelle, hebdomadaire et d’inspection quotidienne ont été scrupuleusement respectés »
Quand cette femme et d’autres personnes sur place se sont précipitées pour aider les passagers indemnes de ce wagon à descendre, ils ont aperçu l’autre véhicule dévalant la rue pentue à toute allure.
Et, alors qu’ils prenaient la fuite en croyant qu’il allait percuter le véhicule à l’arrêt, le wagon a déraillé au niveau d’un léger virage et s’est fracassé contre un immeuble, ont-ils raconté.
Sur place, le funiculaire totalement disloqué était toujours visible jeudi matin contre le mur d’un immeuble.
Quel était l’état du funiculaire ?
Les causes de l’accident ne sont pas encore connues, mais plusieurs médias évoquent l’éventuelle rupture d’un câble de sécurité et s’interrogent sur la qualité de l’entretien que l’opérateur du funiculaire sous-traitait à une société externe.
D’après le site des Monuments nationaux, ce funiculaire a été construit par l’ingénieur franco-portugais Raoul Mesnier du Ponsard, et inauguré en 1885. Il a été électrifié à partir de 1915.
La société qui gère les transports de la capitale portugaise, Carris, a immédiatement réagi en assurant que « tous les protocoles d’entretien » avaient été effectués, « notamment la maintenance générale, réalisée tous les quatre ans et effectuée en 2022, la maintenance intermédiaire, effectuée tous les deux ans, la dernière ayant été réalisée en 2024 ».
Sur les lieux du drame, le président du conseil d’administration de Carris, Pedro Bogas, a reconnu que l’entretien de ces véhicules était assuré par un prestataire externe depuis 14 ans, sans fournir davantage d’explications.
« Les programmes de maintenance mensuelle, hebdomadaire et d’inspection quotidienne ont été scrupuleusement respectés », a aussi assuré la société, précisant avoir ouvert une enquête conjointement avec les autorités pour déterminer les causes du drame.
De tels accidents de funiculaire restent rares : le drame récent le plus grave remonte au 11 novembre 2000, lorsque le funiculaire de Kaprun (ouest de l’Autriche) avait pris feu dans un tunnel, faisant 155 morts.
Deuil national au Portugal
C’est « une tragédie qui ne s’était jamais produite dans notre ville », a réagi mercredi soir le maire de Lisbonne, Carlos Moedas, avant que le gouvernement ne décrète pour jeudi une journée de deuil national.
Dans les rues de Lisbonne, l’accident a choqué habitants et touristes.
Jeudi matin, des enquêteurs, équipés de gants bleus et de gilets fluorescents, s’affairent toujours autour de la carcasse éventrée du wagon, pour chercher des indices.
Pour Antonio Javier et sa famille, le soulagement le dispute à la peur rétrospective : Avec sa femme et ses deux enfants, ce touriste espagnol avait prévu de prendre ce funiculaire.
« Justement aujourd’hui, nous parlions de monter avec ce funiculaire, et ce qui s’est passé, c’est qu’il y avait la queue et (…) nous ne sommes finalement pas montés », déclare-t-il à l’AFP.















