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Le Premier ministre Bart De Wever a dit mardi, à la veille d’un sommet européen à Copenhague, voir les pays changer d’avis l’un après l’autre sur la question des avoirs russes immobilisés en Belgique. Il a répété les risques encourus à les utiliser différemment d’aujourd’hui. La condition à laquelle la Belgique ne renoncera jamais est la mutualisation des risques, a-t-il dit.
« Je ne suis pas enthousiaste », a confirmé le Premier ministre, à l’égard de la proposition de la Commission européenne d’utiliser les soldes de trésorerie (170 à 180 milliards d’euros, selon les sources) issus des actifs russes arrivés à échéance dans l’UE pour accorder à l’Ukraine un « prêt de réparation ».
« Mais je vois naturellement ce que vous voyez aussi, à savoir que les pays, l’un après l’autre, sont en train de changer leur fusil d’épaule », a-t-il répondu aux parlementaires, qui l’interrogeaient en comité d’avis des Questions européennes de la Chambre.
La volte-face la plus spectaculaire à cet égard a été le plaidoyer du chancelier allemand Friedrich Merz, jeudi, pour une telle solution qui générerait un prêt de 140 milliards d’euros à l’Ukraine. La Commission assure que les actifs russes ne seront pas confisqués en eux-mêmes.
« Je suis très curieux »
Pour Bart De Wever au contraire, « ils disent : ’oui, nous allons prendre cet argent, nous allons le prendre’. Et donc oui, je suis très curieux, demain, je vais poser ces questions pour savoir si nous recevons des réponses adéquates. »
« Mais il y a une condition à laquelle nous ne pourrons jamais, jamais, jamais renoncer, et c’est la mutualisation du risque », a-t-il averti, toujours sceptique sur la capacité des Vingt-sept – ou d’une coalition de volontaires – à endosser une part de ces risques.
« Le but ne peut quand même pas être de prendre cet argent et de nous laisser le risque parce que nous avons, par hasard, le siège d’Euroclear », le dépositaire central de titres souverains installé à Bruxelles.
Les membres du G7, dont l’Union européenne, utilisent les centaines de milliards d’actifs de la Banque nationale de Russie bloqués sur leur territoire depuis l’invasion russe de l’Ukraine de février 2022 pour garantir un prêt de 45 milliards d’euros à l’Ukraine. La Belgique, en outre, capte environ 1,3 milliard d’euros par an d’impôt des sociétés grâce aux retombées de ces actifs, par la seule présence d’Euroclear à Bruxelles. Cet impôt est dédié à la Défense et au soutien à l’Ukraine.
La Belgique craint qu’utiliser ces actifs différemment s’apparente à une confiscation illégale en droit international, dont elle serait amenée à assumer les énormes conséquences juridiques et financières. Elle voit une erreur stratégique dans le fait de tuer cette « poule aux œufs d’or » en l’épuisant avant la négociation d’un éventuel accord de paix, sans compter le risque de déstabilisation de l’euro comme monnaie de réserve et d’Euroclear.



















