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Le Comité de l'assurance de l'Inami, où siègent des représentants des médecins et des mutuelles, propose d'arrêter le remboursement des médicaments contre la maladie d'Alzheimer à partir du 1er juillet prochain. Le Conseil général de cet organisme se prononcera définitivement sur cette proposition la semaine prochaine, lisait-on lundi dans Le Soir, De Standaard et Het Nieuwsblad.
"Leur utilité n'est pas démontrée et leurs effets indésirables sont importants", assure Jean Hermesse, secrétaire général de la Mutualité chrétienne, qui a mené une étude auprès de 100.000 membres concernés. Un manque d'efficacité également épinglé par le Centre belge d'information pharmacothérapeutique (CBIP), une ASBL indépendante des lobbys du secteur.
Pourtant, l'utilisation de ces remèdes a un coût pour l'Inami: environ cinq millions d'euros par an, selon la Mutualité chrétienne, qui plaide dès lors pour mettre partiellement fin à ce remboursement (tout en permettant aux utilisateurs actuels de continuer à en bénéficier). "La somme économisée pourrait être consacrée à l'accompagnement des personnes atteintes de démence et, pourquoi pas , à la recherche scientifique visant à trouver des alternatives aux médicaments actuels", précise Jean Hermesse.
Le seul effet positif des médicaments est que certains patients peuvent rester chez eux jusqu'à deux ans de plus
La proposition de médecins et de mutuelles est une décision compréhensible, a réagi une experte de cette maladie lundi. Pour elle, les patients ont droit à une bonne information. "Ils (ndlr: mutuelles et médecins) suivent ce qui s'est passé en France, où les médicaments ne sont plus remboursés car ils n'ont pas d'effet significatif sur les fonctions cognitives et qu'il existe de nombreux effets secondaires", estime ainsi Christine Van Broeckhoven, experte en la matière de l'Université d'Anvers et de l'Institut flamand pour la biotechnologie. "Nous savons cela depuis un moment déjà. Ce sont les mêmes médicaments que ceux qui sont prescrits depuis des années".
La situation doit toutefois être nuancée, selon Christine Van Broeckhoven. "Le seul effet positif des médicaments est que certains patients peuvent rester chez eux jusqu'à deux ans de plus. Sur ce point-là, les conditions de vie sont meilleures", analyse-t-elle. "Une alternative à la cessation complète pourrait dès lors être par exemple d'arrêter le traitement après deux ans. Le patient devrait alors se rendre en maison de repos. Ou bien y mettre fin dès qu'il s'y installe".
Dans ces deux scénarios, il est question d'un patient moyen, souligne l'experte. "Tous ne répondent pas bien. Il n'est également pas certain que l'effet positif potentiel provienne du médicament lui-même ou de la prise du médicament, c'est-à-dire l'effet placebo".
Les patients ont droit à des informations précises
D'après Christine Van Broeckhoven, le message principal est surtout que l'on ne peut plus mentir aux patients. "Vous ne pouvez pas continuer à dire que les médicaments retardent ou postposent la maladie. Ce n'est absolument pas correct. Ce n'est pas vrai non plus qu'ils préviennent la perte de mémoire", dit-elle. "Les patients ont droit à des informations précises. Il est important que les médecins soient honnêtes avec eux. C'est pourquoi il faut également veiller à ce qu'ils disposent des données nécessaires pour informer correctement les patients".
Il est ainsi important qu'ils leur indiquent clairement qu'ils doivent notamment rester actifs, entrer en contact avec d'autres personnes et faire du sport. "Il est également important de bien suivre les patients et d'arrêter de leur prescrire des médicaments s'ils n'ont pas d'effets significatifs", préconise l'experte. "Peut-être que les gens n'aimeront pas entendre cela mais la recherche de nouveaux médicaments pour soigner la maladie n'a pas (encore) abouti", reconnait-elle. Un travail préventif est par contre possible, souligne-t-elle. "Avec la nouvelle approche, nous essayons d'intervenir à un stade précoce avec, par exemple, des médicaments ou un traitement. Je pense que c'est la seule approche qui aura un effet réel. Nous devons y investir", conclut-elle.
"Un pas trop loin", selon la députée Catherine Fonck
La proposition des médecins et des mutuelles, réunis au sein du Comité de l'assurance de l'Inami, de supprimer le remboursement des médicaments contre la maladie d'Alzheimer va "trop loin", selon la députée fédérale Catherine Fonck (cdH). "Mieux cibler les patients #Alzheimer chez qui on débute et maintient le traitement est sans doute nécessaire. Mais supprimer le remboursement des médicaments actuels, c'est aller trop loin", réagit Catherine Fonck. "Un certain nombre de patients voient l'évolution de leur maladie ralentir sous traitement", justifie-t-elle. Celle-ci concerne un aîné sur cinq, rappelle la députée cdH. "Et cela risque d'être encore plus fréquent demain", met-elle en garde.
"Les besoins sont énormes: dépistage plus précoce, cliniques de la mémoire, accompagnement personnalisé du patient et des proches, augmentation de la recherche pour trouver de nouveaux traitements", énumère-t-elle ainsi.
L'élue rappelle enfin que son parti a déposé une proposition de résolution à la Chambre demandant la mise en place par le gouvernement d'un Plan "Alzheimer, démence et maladies apparentées".