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Pour sa première campagne, Borne s'exerce aux figures imposées dans le Calvados

Visite d'une exploitation laitière, rencontre de commerçants, et un petit tour dans un festival "éco-responsable": son gouvernement désormais en ordre de bataille, Élisabeth Borne a fait samedi ses premières armes de candidate aux législatives dans le bocage normand, sa terre "de cœur".

Si l'agitation ne fut pas de nature à troubler la placidité des veaux prim'holstein de la ferme d’Élise et Olivier Chaventré, elle n'en reste pas moins inhabituelle pour cette bataille autour de la 6e circonscription du Calvados. Et sans doute que le statut de la candidate Élisabeth Borne, nommée Première ministre lundi dernier, n'est pas étranger à cette situation.

A cette nouvelle casquette s'ajoute pour Mme Borne les tâtonnements d'une première campagne sous son nom, sans droit à l'erreur puisqu'un échec signerait sans doute l'arrêt prématuré de son bail à Matignon. "Mais je me mets dans la logique de cette campagne avec l'objectif de gagner", balaye-t-elle, un brin agacée.

C'est donc avec application que l'ancienne ministre du Travail a arpenté samedi sa Normandie, en se livrant aux figures imposées de toute campagne locale. A commencer par une rencontre avec un producteur de lait - sa centaine de vaches donne 740.000 litres par an - qui a brassé avec elle tous les motifs d'inquiétude du moment, entre sécheresse, augmentation du prix des matières premières, "attaques de corbeaux" sur les maïs...

"Depuis six mois on connaît des fluctuations comme on n'a jamais connues sur le cours du lait. Pour garder le cap ce n'est pas simple", témoigne M. Chaventré, avant de guider Mme Borne vers la salle de traite.

Dans l'exploitation, où s'est opportunément invité son concurrent du parti Debout la France avide de profiter des lumières médiatiques, Mme Borne s'est aussi défendue des accusations de parachutage, soulignant que "le Calvados est le berceau de (s)a famille".

Originaire de Livarot, à quelques dizaines de kilomètres plus à l'est dans le pays d'Auge, est-elle pour autant l'enfant du pays ? "Non", convient l'actuel député LREM de la circonscription Alain Touret, "mais je suis convaincu que la greffe va se faire".

- "Violemment modérés" -

Élu trois fois sur ces terres rurales, dont le chef lieu est Vire (15.000 habitants), M. Touret se dit "fier" de passer à la Première ministre les clés de cette circonscription où "le Front national perce sur le pouvoir d'achat, conjugué aux difficultés de mobilité". "Mais on dit aussi que les Normands sont violemment modérés", plaisante-t-il, rappelant avoir raflé la mise en 2017 avec 68% des voix, "le meilleur score de tout l'Ouest" pour la majorité présidentielle.

Partie en déambulation dans les rues de Villers-Bocage, tract à la main, Mme Borne vante les mérites de l'apprentissage, des commerces de proximité, glisse quelques banalités sur la crise du Covid ou la fréquentation touristique, et admet qu'"il y a du travail" à une dame qui lui glisse à l'oreille: "On compte sur vous".

"Félicitations, ça fait plaisir qu'une femme soit nommée à la tête de la France", lui lance encore un élu local à son arrivée au festival "éco-responsable" de Chicheboville. Là, sur fond de bossa nova, éoliennes à l'horizon, Mme Borne slalome entre les chapiteaux, signe un autographe au petit Johan au stand des Familles rurales, avale un verre de "Meuh cola" produit en Normandie, et promet que "c'est un engagement durable" qu'elle "souhaite avoir dans le Calvados".

Un travail classique de candidate, qu'elle compte bien reproduire autant que possible d'ici le premier tour le 12 juin. D'ici là, elle présentera ses propositions, et "la façon dont on décline le programme d'Emmanuel Macron dans cette circonscription".

Fraîchement constitué, et réuni pour la première fois lundi en Conseil des ministres, le gouvernement entre aussi en période de réserve électorale, ce qui limite au strict minimum les déplacements et annonces. Un temps que Mme Borne souhaite exploiter autant pour préparer les futurs projets de loi, dont un paquet de mesures de pouvoir d'achat, que pour investir son rôle de "cheffe de la majorité" en allant soutenir d'autres candidats.

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