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"C'est extrêmement violent": une maison de repos à Schaerbeek risque de fermer, qu'en est-il des autres établissements bruxellois?

À Schaerbeek, la maison de repos Albert de Latour pourrait devoir fermer ses portes en raison de difficultés financières rencontrées par la commune. Cette "option" devra toutefois encore être discutée et aucune décision n'a actuellement été prise. D'autres établissements bruxellois pourraient-ils par ailleurs être prochainement concernés par une fermeture ? Selon Iriscare, le nombre élevé de lits inoccupés à Bruxelles risque d'avoir un impact sur certaines maisons de repos.

À Schaerbeek, la maison de repos Albert de Latour, située rue Thomas Vinçotte, pourrait bientôt fermer ses portes. La commune va devoir redresser ses finances, et parmi les options pour y parvenir pourrait figurer la fermeture de cet établissement géré par le CPAS.

Pour répondre aux normes d’Iriscare (l’organisme bicommunautaire de tutelle), la maison de repos doit être rénovée, et le montant des travaux est estimé à 23 millions d’euros. Un montant qui serait actuellement trop important pour la commune.

Malgré l’obtention d’un permis d’urbanisme fin 2024 (valable jusqu’en 2027), la concrétisation du projet de rénovation serait compromise. Le taux d’occupation de la maison de repos doit également être pris en compte, et celui-ci se situe entre 65 et 75%. 

La commune devrait par ailleurs économiser 7 millions d’euros en 2025 pour retrouver l’équilibre budgétaire d’ici trois ans.

C’est une maison où on forme une grande famille

Au sein de l’établissement, l’annonce d’une éventuelle fermeture est vécue comme un coup dur par les employés et les résidents. "C’est une maison où on forme une grande famille. Il y a une ambiance unique ici. Apprendre la possible fermeture de la maison de repos, c’est extrêmement violent", confie une employée de longue date. "Certains résidents ont lu l’information en même temps que nous dans la presse. Ils pleurent, ils s’inquiètent. Pour eux, c’est leur dernier lieu de vie. Il y a aussi des couples qui se sont formés ici, et ils se demandent s’ils vont encore rester ensemble."

Présente dans la maison de repos depuis trois décennies, une autre employée souligne l’attachement des équipes et des résidents à ce lieu de vie. "Cela fait 30 ans que je travaille ici. Beaucoup de mes collègues sont là depuis 20-25 ans. Ce n’est pas seulement un emploi qu’on perdrait, c’est une famille. Ce serait un drame. On perdrait nos repères, notre deuxième maison."

Le 8 avril dernier, des résidents n'ont également pas caché leurs craintes face à la possible fermeture de la maison de repos (voir notre reportage ci-dessous)

De son côté, France Blanmailland, la présidente temporaire du CPAS, souligne que le dossier reste "en réflexion", tout en admettant que la situation est "complexe, tant sur le plan humain que budgétaire." "C’est une très chouette maison de repos, avec une ambiance positive. Mais sa conception remonte à 30 ans. Des rénovations importantes sont inévitables. Or, le contexte budgétaire est tendu. Et nous manquons encore de visibilité politique. On ne peut pas se permettre de prendre des décisions à la légère."

Et d'ajouter: "On est vraiment dans la réflexion. Je ne sais pas encore ce qui va être décidé. On n’est pas aidé par le fait qu’il n’y ait pas encore de majorité à Schaerbeek, et de majorité régionale. Il y a une incertitude qui plane sur les subsides dont les maisons de repos et les CPAS vont pouvoir bénéficier."

Jusqu’au 28 mai, aucune décision ne sera prise

Le conseil de l’action sociale s’est réuni le mercredi 9 avril pour discuter de l’avenir de la maison de repos, qui accueille 90 résidents et les 87 membres du personnel.

Dans un communiqué diffusé ce jeudi 10 avril, le CPAS indique ne pas avoir pu prendre de décision concernant la rénovation de cet établissement. "Ce point est reporté à l’ordre du jour du Conseil de l’Action Sociale (CAS) du 28 mai. Ce report s’explique par le manque d’installation d’un nouveau Collège des Bourgmestre et Echevins qui entraîne la recomposition de notre Conseil de l’Action Sociale. C’est donc cette nouvelle instance qui statuera sur ce dossier. Jusqu’au 28 mai, aucune décision ne sera prise, et toutes les options restent ouvertes", peut-on lire. "En l’absence de décision, la situation actuelle de notre maison de repos reste inchangée. Nous sommes néanmoins conscients des incertitudes et des angoisses que cela implique pour notre personnel, nos résidents et leurs familles."

Certaines fermetures peuvent être liées au nombre élevé de lits vides

La situation vécue à Schaerbeek pourrait-elle prochainement se présenter ailleurs, en région bruxelloise ? D'autres raisons, que la santé financière d'une commune, pourraient entraîner des fermetures, indique Emilie Decamp, la porte-parole d'Iriscare (chargé de la gestion et du financement de divers aspects de la protection sociale dans la région).

S'il est difficile de quantifier le nombre de maisons de repos qui fermeront leurs portes, "on peut noter que certaines fermetures peuvent être liées au nombre élevé de lits vides à Bruxelles."
 
"Pour la période de référence du quatrième trimestre 2024, 13.125,55 lits en moyenne étaient agréés par Iriscare, mais seulement une moyenne de 11.729,11 étaient occupés", précise Emilie Decamp. "Cela signifie, qu'en moyenne, 1.396,44 lits étaient vides (en savoir plus sur ces chiffres)." 
 
Ce nombre élevé de lits inoccupés peut amener les groupes de maisons de repos à "rationaliser" et, éventuellement, fermer ou regrouper certains de leurs établissements. "A noter également que, la réforme du secteur des aînés, entrée en vigueur en 2024, s'accompagne notamment d'un mécanisme de récupération de places excédentaires, inoccupées, qui s’applique aux maisons de repos et maison de repos et de soins: 50% du nombre moyen de places agréées non occupées pendant la période de référence expire automatiquement le 15 avril de chaque année (en savoir plus)", ajoute Emilie Decamp, la porte-parole d'Iriscare. "Ce mécanisme permet de mieux contrôler l’offre et de développer des projets d’établissements plus qualitatifs qui correspondent davantage aux besoins des aînés. Et ce dans un contexte où le nombre de lits disponibles est trop élevé."

De nouvelles maisons de repos sont-elles attendues dans les prochaines années? Iriscare répond ne pas avoir actuellement "connaissance de projets concernant l'ouverture de nouvelles maisons de repos". "Cependant, il y a actuellement 3 projets de rénovation et d'extension de maisons de repos qui sont en cours de réalisation et qui sont subventionnés par la Cocom (La Commission communautaire commune)."

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