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Il pensait être dans son droit. À chaque passage à Charleroi, Charles s’expose pourtant à une amende, malgré sa carte de stationnement pour personnes à mobilité réduite. Une décision du tribunal lui a même donné tort. Que se passe-t-il dans cette ville où la carte PMR ne protège plus comme ailleurs ?
"Je suis en possession d'une carte PMR et, à chaque fois que je stationne à Charleroi, je reçois un PV", nous alerte Charles Raymond via le bouton Alertez-nous. "Cette carte me permet pourtant de stationner en dehors des zones réservées aux PMR quand celles-ci sont occupées. Elle m’autorise aussi à stationner sans limite de durée."
Et ce qu’il avance est vrai. Du moins, dans la majorité des villes belges.
La règle (presque) générale en Belgique
Les titulaires d’une carte de stationnement pour personnes handicapées peuvent, en principe, se garer gratuitement et sans limite de durée sur les places payantes. Il faut toutefois que la carte soit personnelle, signée, et placée bien en vue sur le tableau de bord, avec le symbole du fauteuil roulant et le numéro de carte clairement visibles, précise le site handicap.belgium.be.
"Ma carte était bien là, bien visible à chaque fois", insiste Charles, qui souffre de polyarthrite rhumatoïde et d’une grave blessure à la colonne vertébrale, l’empêchant de marcher plus de 50 mètres sans malaise. "Mais malgré cela, je reçois des PV. Et le tribunal a donné raison à la Ville", déplore-t-il.
Une politique stricte à Charleroi
Mais pourquoi ? Et surtout, est-ce légal ? La réponse est oui. À Charleroi, la politique en matière de stationnement PMR diffère de celle d’autres communes.
"La mise en œuvre des droits de stationnement ne relève pas de notre compétence fédérale, mais de celle des autorités communales", précise le SPF Sécurité sociale.
Autrement dit, c’est à la Ville de Charleroi de décider de sa politique. Et depuis 2022, celle-ci a changé : la gratuité pour les PMR n’est plus généralisée. Désormais, les personnes titulaires d’une carte PMR doivent obligatoirement se garer sur les places qui leur sont réservées si elles veulent éviter de payer.
Un changement pour éviter les abus
À l’époque, la décision avait été justifiée pour lutter contre les abus. Certains automobilistes utilisaient la carte PMR d’un proche absent pour se garer gratuitement.
En contrepartie, le nombre de places réservées aux PMR a fortement augmenté dans l’intraring de Charleroi. Mais pour Charles, cela ne suffit pas.
"Ils disent avoir doublé les places PMR, mais elles ne sont pas toujours là où je dois me rendre. Au palais de justice, par exemple, il n’y a qu’une seule place, souvent occupée. Donc, je me gare à côté… et je me réçois une amende, malgré ma carte", regrette-t-il.
Tout est automatisé, plus aucun humain pour comprendre
Et Charles va plus loin. Selon lui, ce changement vise surtout à augmenter les recettes communales. "Ils ont remplacé les contrôles humains par une scan-car. Cela leur fait des économies, car ils n’ont plus à payer des agents. Mais avec ce système, plus personne ne peut faire preuve de bon sens. Avant, les contrôleurs pouvaient voir notre carte et comprendre. Aujourd’hui, la machine verbalise sans réfléchir", regrette-t-il.
Une app à connaitre
Dans certaines communes, les PMR peuvent toujours profiter de la gratuité de stationnement, mais en raison de l'utilisation d'une scan-car, il se peut qu'elles reçoivent malgré tout un PV parce que le robot ne peut pas vérifier la présence de la carte PMR. C'est pourquoi il est nécessaire d'enregistrer sa plaque d'immatriculation auprès de la ville ou de la commune. Mais pour éviter les oublis et simplifier la chose, une application est désormais proposée aux personnes à mobilité réduite. Il s'agit d'handyPark.
Elle permet aux détenteurs d'une carte de stationnement pour personnes en situation de handicap de la lier numériquement à une ou plusieurs plaques d'immatriculation. A noter qu'une seule plaque d'immatriculation peut être activée à la fois.
Actuellement, l'application est disponible dans 7 villes : Anvers, Schelle, Kortemark, Courtrai, Genk, Berlare et Temse, mais 60 autres villes et 19 autres communes bruxelloises, ainsi que Malines et Bruges seront bientôt intégrées à l'app.



















