Partager:
C’est un départ qu’elle attend avec impatience, même si le trajet risque d’être long. Ce vendredi, Marine va partir en vacances vers le sud de la France avec son chien. Cette habitante de Sombreffe, dans le Namurois, n’a pas hésité une seconde. Pour elle, la voiture est la seule option possible pour voyager avec son animal. « Je préfère rouler pendant 12 heures plutôt que de prendre l’avion pendant 1h30 en décollant de Charleroi. Je ne veux pas mettre mon chien en soute. Ce serait trop éprouvant pour lui », confie la jeune femme.
« J’ai vu des vidéos circuler sur les réseaux sociaux où les chiens semblaient traumatiser par leur voyage en avion. Et je ne veux pas faire subir cela à mon chien », ajoute Marine.
Cages renversées ou malmenées, soutes anxiogènes, chiens bloqués pendant des heures « sans eau » : de nombreux témoignages évoquant des problèmes sont dénoncés et partagés.
Récemment, un Namurois a été particulièrement marqué par une histoire dramatique. « Une chienne s’est fait littéralement broyer dans les machines de tri à bagages en raison d’une mauvaise prise en charge par les travailleurs. Je trouve ça inadmissible », s’indigne Céril qui nous a contactés via le bouton orange Alertez-nous. « Il faudrait arrêter de traiter les animaux comme des vulgaires bagages ». En avril dernier, Brookie, une chienne de 11 mois, a effectivement été écrasée par les tapis roulants à l’aéroport de Calvi, en Corse. Ébranlés, ses maîtres ont épinglé la responsabilité de la compagnie aérienne et de l’aéroport.
Les propriétaires de chiens doivent-ils réellement s’inquiéter ? En Belgique, comment les animaux sont-ils pris en charge à l’aéroport et lors d’un vol ?
À Brussels Airport, il existe différentes règles à respecter lorsqu’une personne prend l’avion avec son animal de compagnie. « Par exemple, l’animal doit être tenu en laisse ou transporté dans une cage de transport. Ici, il y a un flux séparé pour les animaux. Si l’animal va en soute, il n’est pas laissé avec les bagages. Les maîtres doivent déposer leur animal à un comptoir spécial pour les bagages grand format. Chaque aéroport suit ses propres règles », indique la porte-parole de l’aéroport de Bruxelles. « Nous veillons à ce que l’animal soit en sécurité et à son confort jusqu’à l’embarquement », assure-t-elle.
C’est la compagnie qui endosse la responsabilité de l’animal
Comment savoir si votre chien ou votre chat peut vous accompagner à bord de l’appareil ? Cela dépend de votre compagnie aérienne. « Les chats et les chiens de petite taille peuvent voyager en cabine côté fenêtre. Les plus grands doivent voyager dans la soute de l’avion. Les règles diffèrent d’une compagnie aérienne à une autre. C’est la compagnie qui endosse la responsabilité de l’animal », souligne la porte-parole de Brussels Airport.
En fonction de l’animal et de la destination, différentes options sont possibles. Chez Brussels Airlines, votre compagnon poilu peut voyager avec vous en cabine si plusieurs conditions sont respectées. « Pour voyager en cabine, il faut un âge minimum de 12 semaines et un poids maximum de 8 kilos. L’animal doit être transporté dans un sac souple. Il existe un embargo sur certains pays en raison de leurs réglementations d’entrée, par exemple pour le Royaume-Uni ou les États-Unis », détaille la porte-parole de la compagnie aérienne.
« On déconseille de le tranquiliser »
L’alternative est le transport en soute. Dans ce cas, votre animal doit être enregistré avec les bagages. Plusieurs exigences sont alors vérifiées. Certaines races ne sont pas acceptées. Et des vaccins sont obligatoires. « Lors de l’acceptation, on vérifie l’état de santé et le bien-être de l’animal, notamment la taille de la caisse. On déconseille de le tranquiliser », indique la porte-parole de Brussels Airlines.
D’après elle, l’animal est ensuite transféré vers la zone bagages et transporté séparément vers l’avion, pas avec les autres bagages. « On essaie de l’éloigner du bruit et il n’est sorti qu’à l’approche du départ. Le commandant de bord en est aussi informé, pour l’activation de la ventilation », assure Joëlle Neeb. « Pendant le vol, l’animal est seul en soute. Il est placé séparément et pas « mélangé » aux autres bagages », ajoute-t-elle.
« Dans la soute, les animaux sont laissés dans un environnement le plus agréable possible avec une température adaptée », confirme la porte-parole de l’aéroport de Bruxelles.
Ces animaux vivent un réel traumatisme
Ce discours plutôt positif vise à rassurer les passagers séparés de leur compagnon à quatre pattes. Or, selon une comportementaliste canin, un tel voyage en soute génère un stress inévitable. « Ces animaux vivent un réel traumatisme. C’est une expérience qui est tellement mentalement négative que même un chien qui est sûr de lui va être fortement stressé », dénonce Julie Willems.
Les raisons sont multiples. « La première, c’est la séparation avec le maître. Le chien se retrouve enfermé dans une cage et est acheminé sur les tapis avec les bagages. Il ne comprend pas ce qui lui arrive. Il se sent abandonné. Ce qui engendre une perte de contrôle, une perte de liberté et donc du stress », assure la comportementaliste. « Et puis, il y a le bruit ambiant, la foule, les annonces vocales, etc. Il ne faut pas oublier qu’un chien a une audition qui est quatre fois supérieure à celle de l’humain et donc tous ces bruits, c’est terriblement agressant pour le chien ».
L’étape suivante, le trajet en soute, serait tout aussi compliquée à vivre pour l’animal. « C’est un endroit qui n’est pas chauffé. Il est pressurisé mais pas comme dans la cabine. Donc, il y a évidemment cette différence de pression qui est juste affreuse et qui est très difficile à vivre physiologiquement. Et puis, il y a le bruit du décollage qui est beaucoup plus fort. Imaginez ce qu’ils doivent subir au niveau auditif, rien que ça, c’est absolument terrible, tout en se demandant toujours ce qui leur arrive. C’est quoi ce bruit ? Où se trouve mon maître ? Ils ne comprennent rien. C’est absolument terrible », déplore Julie Willems.
« C’est vraiment de la maltraitance animale »
« En fait, je ne comprends même pas qu’aujourd’hui on continue à transporter des animaux en avion, en sachant tout ça. En fait, c’est vraiment de la maltraitance animale », estime-t-elle.
D’après la comportementaliste, la majorité des propriétaires ne sont pas conscients de cette situation. « Les compagnies aériennes tentent de les rassurer et les gens n’y voient que du feu. Et pourtant, après une telle expérience, certaines séquelles sont possibles ». Par exemple, une réaction extrême à l’enfermement. « Le chien va créer ce qu’on appelle une association négative avec l’enfermement. Concrètement, si vous voulez qu’il rentre dans la voiture, il peut même hésiter parce que pour lui cela vaut un enfermement », explique Julie Willems. « Il peut y avoir aussi une inquiétude très vive du fait d’être séparé de son maître. La peur de revivre ce qu’il a vécu. Des chiens ou des chats deviennent ainsi stressés à vie, perdent confiance en eux et réagissent beaucoup plus fortement à la moindre stimulation future de leur vie quotidienne ».
Face à ces séquelles éventuelles, Julie Willems est catégorique. Elle déconseille aux propriétaires d‘animaux de les faire voyager en soute. « C’est vraiment à éviter à tout prix ».
Révolution en Italie : les grands chiens autorisés en cabine
En revanche, voyager en cabine est une expérience tout à fait différente. « Moi-même j’ai pris mon chat l’année dernière avec moi à bord de l’avion et cela s’est super bien passé. Surtout parce que le maître est présent pour rassurer son animal en cas de stress quelconque », témoigne la comportementaliste.
En Italie, un changement de taille est survenu récemment. Depuis le mois de mai, tous les chiens et les chats peuvent voyager en avion aux côtés de leur maître. L’Autorité italienne de l’aviation civile (Enac) a décidé d’autoriser le transport d’animaux domestiques en cabine, sans limite de taille et de poids.
« J’espère que d’autres pays suivront cet exemple », confie Julie Willems.
En 2024, Brussels Airlines a transporté environ 10.000 animaux en cabine et 1.300 animaux en soute. Les destinations les plus prisées sont Malaga, Nice, Alicante, Porto et Rome. « Et les mois les plus populaires août et décembre », indique la porte-parole de la compagnie.



















