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« Les concombres » sur le toit du monde : l’histoire folle de Pascale, 61 ans, devenue championne d’apnée… en quelques mois

Par Donatella Ruolo
À 61 ans, Pascale devient la première Belge championne du monde d’apnée indoor. Elle débute fin 2023, explose les compteurs et milite pour une meilleure reconnaissance des seniors en sport de compétition. On vous raconte.

5,05 minutes. C’est le temps qu’a passé Pascale sous l’eau. En mai dernier, cette Bruxelloise de plus de 60 ans a remporté le championnat du monde d’apnée indoor en statique dans la catégorie Masters (+ de 50 ans). C’est la première médaillée d’or belge de la discipline. Et dire qu’elle a débuté l’apnée… « fin 2023 ».

« Comme tout le monde, j’ai découvert l’apnée via le film le Grand Bleu », raconte-t-elle. Entre fascination et appréhension, elle n’a pas spécialement donné suite, jusqu’à cette initiation qui a tout changé. « Je suis allée en soutien d’une amie qui avait eu un cancer et je me suis retrouvée dans un endroit qui a été thérapeutique pour moi. »

Conquise, Pascale a continué l’aventure : « Assez vite, Paula la coach m’a proposé d’intégrer le groupe de compétition qu’elle appelle, avec beaucoup d’humour, les concombres (nous y reviendrons). » Tout va très vite et quelques mois plus tard, notre interlocutrice apprend qu’elle va s’envoler pour Athènes et les championnats du monde.

« Son âge était intéressant »

Cette ancienne danseuse professionnelle avait le profil parfait pour être une bonne apnéiste. Mais ce n’est pas la seule chose qui a tapé dans l’œil de Paula et Marie-Laurence qui portent le projet : « J’ai tout de suite vu le potentiel de Pascale et son âge était aussi très intéressant. »

Paula Bazilio, gérante et coach de l’école Abyss Apnea, explique : « Son âge était aussi intéressant parce que notre école veut promouvoir la catégorie Masters. »

Et Paula a vu clair. Pascale est montée sur la plus haute marche du podium. « Je me disais avant d’aller en Grèce que je pourrais peut-être ramener une médaille, mais c’était surréaliste. Maintenant elle est là et ça fait un bien fou », se réjouit l’athlète.

Cette médaille n’était pas forcément un objectif au départ mais elle a tout changé. Désormais Pascale se bat pour que les catégories d’âge soient reconnues au niveau compétitif : « Il y a une véritable discrimination d’importance, de soins, d’entraînement ou encore de financement (…) Les personnes âgées ne sont pas forcées de faire du sport loisir. »

Continuer à tout prix

Au-delà de son investissement dans le sport de compétition pour les seniors, Pascale ne compte pas en rester là. « Je me réjouis de continuer, de le refaire. Même si les résultats ne sont pas aussi bons, je me sens une énergie qui me donne envie de continuer. Dès qu’il y a un autre championnat, je veux y être. Et pourquoi pas, plus tard, devenir coach », dit-elle, déterminée.

Crowdfunding

Pascale et sa médaille d’or seront-elles un porte-étendard pour l’apnée en général ? Nous verrons. La discipline aurait bien besoin d’un petit coup de pouce. « Notre sport n’est pas bien reconnu. Les gens pensent que c’est dangereux, mais au contraire, c’est bon pour la santé », assure Paula Bazilio.

Pour participer aux championnats du monde (en Grèce, puis au Japon), l’école d’apnée a créé un crowdfunding. Mais pas question de demander de l’argent sans donner quelque chose en retour et en profiter pour faire connaître la discipline. Ainsi, en fonction des montants, les donateurs bénéficient d’initiation ou d’autres produits autour de l’apnée.

« Nous avons eu des retours très positifs », affirme Paula Bazilio.

Pourquoi les concombres ?

Nous ne pouvions pas terminer notre entretien avec cette dernière sans lui demander d’où vient ce nom un peu loufoque pour une équipe sportive. Paula, amusée par la question nous explique : « On a choisi le concombre en référence au concombre de mer qui est presque invisible, lent et pas très joli. »

Étrange. Justement, l’équipe veut jouer sur le paradoxe : « En fait, ce n’est pas vrai… à la fin du compte, on gagne », ajoute-t-elle rieuse. Et l’équipe fait les choses jusqu’au logo : « C’est un de nos élèves qui l’a conçu et il nous permet de nous démarquer des autres écoles. Ils ont tous des logos de plongeurs stylisés qui se ressemblent. Quand on arrive en compétition, tout le monde connaît les concombres. »

Des concombres que Pascale, 61 ans, ne prévoit pas de quitter de sitôt.

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