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"Ma vitrine a été fracassée": coup dur pour Michel, qui cherche toujours de nouveaux commerçants à Châtelet

Deux vitrines fracassées en quelques semaines, un commerce actuellement vide: Michel, propriétaire d’un espace commercial, s’interroge sur l’avenir du centre-ville de Châtelet. Cette commune de la province de Hainaut, qui n'est pas un cas isolé en Wallonie, tente de redynamiser son cœur urbain. Cette année, plusieurs mesures ont été annoncées pour attirer de nouveaux commerçants. De leur côté, les autorités régionales ont également élaboré un plan pour tenter d’inverser la tendance.

En quelques semaines, Michel, usufruitier d’un ancien magasin de vêtements à Châtelet (province de Hainaut), a vu son bien endommagé à deux reprises. Une première fois, une voiture s’est encastrée dans la devanture. Puis, lors des soumonces de mi-avril, une bagarre a éclaté dans la rue et s’est poursuivie jusqu’au porche: la vitrine a de nouveau volé en éclats. 

"J’ai été déposer une plainte auprès de la police, car je suis obligé de le faire vis-à-vis de mon assuranceJe sais que je suis naïf, mais j’aurais apprécié que les personnes, qui ont cassé la vitrine, laissent au moins un petit mot." (…) Mon assurance a payé la première fois, mais l’assureur va me prendre pour un fou, si je vais lui demander de payer une seconde vitrine", estime-t-il.

Ce bâtiment, inoccupé depuis plusieurs années, attend toujours un nouvel occupant. Au-delà des travaux à réaliser pour remettre une vitrine neuve, Michel espère surtout que cette surface commerciale pourra être occupée très prochainement. "C’est une surface commerciale non louée. Ce bâtiment a été exploité comme commerce il y a longtemps."

Habitant de Châtelet depuis 2018, Michel indique par ailleurs qu'il y a "énormément de surfaces commerciales à louer" dans la ville. "C’est un problème dans la région", conclut-il.

Le centre-ville ne s’est pas vidé plus

À Châtelet, comme dans d'autres communes wallonnes, les autorités cherchent à attirer des nouveaux commerçants. "Le centre-ville ne s’est pas vidé plus. On est à un statu quo. Le bilan n’est pas le plus brillant, mais les fermetures ont été compensées par des ouvertures en nombre. C’est un premier élément à mettre en évidence", indique Michel Mathy. Mais l'échevin du Commerce le souligne: "Chaque cellule vide est une de trop". Pour inverser la tendance et redynamiser le centre-ville, un masterplan pour le commerce a été lancé en ce début d’année.

Ce plan prévoit notamment une prime à l’installation pouvant atteindre 7.000 euros, des efforts sur la propreté urbaine, un guichet d’aide aux commerçants et des démarches auprès du SPF Finances pour revoir les revenus cadastraux ("qui ne correspondent plus à la réalité économique du centre-ville", précise Michel Mathy).

"Ce masterplan contient un certain nombre de mesures. D’une part, il y a la propreté en centre-ville avec l’enlèvement des déchets avant l’ouverture des commerces, et après la fermeture des commerces. L'aménagement urbain doit être repensé pour être plus accueillant", déclare Michel Mathy

"Il y a donc également une prime à l’installation. On vient de voter le règlement au conseil communal, et un jury va se positionner sur un nombre de commerces qu’on veut voir revenir en centre-ville. Je prends des exemples de commerces de proximité, comme un boulanger, un boucher, une quincaillerie, une librairie, une cordonnerie… Toute une série de commerces pourraient être sélectionnés." 

La prime à l’installation va se décliner en deux volets : une première partie de 4.000 euros pour des investissements qui seraient réalisés dans la cellule commerciale, et puis 3.000 euros qui seraient versés à raison de 250 euros par mois, sous forme d’intervention dans le loyer ou dans le remboursement de l’acquisition de la surface commerciale.

La commune, consciente des défis, souhaite aussi responsabiliser ses citoyens. "On veut aussi lancer une opération propreté. (…) La réussite passera par l’implication de tout le monde."

Car les causes de la "désertification" sont multiples: "Châtelet n’est pas la seule commune dans cette situation. Il y a une désertification de certains centres-villes liée parfois à des centres commerciaux, à l’e-commerce, aux livraisons à domicile... Mais parallèlement à cela, il y a une demande de citoyens qui demandent à avoir un certain nombre de services de commerce de proximité dans le centre-ville. Il faut qu’ils soient plus propres, qu’il y ait des poubelles. Il faut un réaménagement du centre urbain, qui soit accueillant. C’est avec ce masterplan qu’on espère pouvoir apporter une réponse aux difficultés qu’on connaît à l’heure actuelle."

Comme le rappelle Michel Mathy, l'échevin du Commerce à Châtelet, sa ville n'est pas la seule à devoir chercher des solutions pour attirer les commerçants. Comment expliquer l’état de certains centres-villes en Wallonie ? Nous avons posé quelques questions à Nicolas Reynders, le porte-parole de Pierre-Yves Jeholet, le ministre wallon en charge de l'Economie et de l'Emploi.

"Plusieurs facteurs ont joué : le développement de centres commerciaux en périphérie a attiré les clients en-dehors des centres-villes, au détriment de ceux-ci. Le commerce transfrontalier (avec des prix plus bas sur certaines denrées), de même que le développement du commerce en ligne, ont accéléré le déclin de certains centres-villes wallons." 

Quelles communes sont les plus impactées ? 

"Verviers (42,2% de vide commercial) et Charleroi (39,1%) sont malheureusement les communes les plus impactées" 

Quelles communes parviennent à éviter cette situation ?

"Des villes comme Waterloo (7,3% de vide commercial) ou Ottignies-Louvain-la-Neuve (7,9%)"  

Quelles projets ou solutions sont proposées aux communes les plus impactées ?

Outre l’action que peuvent mener les pouvoirs locaux à leur niveau, la Wallonie développe une série de leviers. "Ce que veulent les indépendants et commerçants, c’est d’abord moins de paperasse. Il faut absolument clarifier et simplifier les démarches administratives ainsi que les outils mis en place pour les guider dans leurs démarches", indique Nicolas Reynders.

"Ce qu’ils veulent, c’est aussi une politique d’aménagement du territoire cohérente qui protège les centres-villes commerciaux et tienne compte des spécificités des zones rurales. Ce sont aussi des outils de soutien de nos centres-villes et centralités villageoises : les ADL (Agences de Développement Local) ou aux ADCV (Agences de Développement Centre-Ville), qui doivent être plus performants et seront modernisées en ce sens. En outre, le dispositif RéAction, qui vient en aide aux indépendants en difficulté, sera pérennisé et amplifié."

La loi de 1951 sur les baux commerciaux pourrait par ailleurs être réformée. "Cette législation, désuète et rigide, freine les innovations, impacte l’offre et la demande, et amplifie ainsi le phénomène des cellules vides. Enfin, soutenir la nécessaire digitalisation de nos commerçants est également un axe important de notre action. La Flandre et les Pays-Bas montrent qu’il est tout à fait possible de concilier commerce physique et commerce en ligne."

La moyenne de la vacance commerciale est de 21% en Wallonie, selon la dernière étude de l’AMCV (Association du Management du Centre-Ville).

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