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"Vous en arrivez à vouloir vous arracher les muscles": amputé et souffrant, Christian apprend à vivre avec la pénurie de son médicament

C'est via le bouton orange Alertez-Nous que Christian (nom d'emprunt) nous a contactés pour nous faire part d'un problème qu'il rencontre avec un de ses médicaments. Depuis plusieurs années, il souffre au niveau des différents nerfs de son corps, ce qui l'empêche parfois de se déplacer. Seulement, la morphine qu'il prend pour faire passer la douleur est en rupture de stock. Une situation qui s'est déjà produite. En effet, il y a un an, Patrick nous contactait pour nous faire part du même problème impliquant le même médicament. Comment pareille situation est-elle possible ? 

"Vous en arrivez à vouloir vous arracher les muscles tellement ils sont contractés". Ces mots, ce sont ceux de Christian, 41 ans. Victime de polyneuropathie (maladie qui touche les nerfs situés entre la moelle épinière et les muscles des membres) depuis une dizaine d'années, Christian a commencé à prendre de la morphine afin de faire passer la douleur qui devenait de plus en plus grande. "Sans rentrer dans les détails, mon système immunitaire détruit mon système nerveux périphérique. J'ai les nerfs qui sont détruits et ça forme une polyneuropathie (…) qui entraîne des névralgies, donc des douleurs qui sont quotidiennes et constantes", témoigne-t-il.

Une pénurie qui pose problème

Avec une maladie qui est devenue évolutive au fil des années, Christian a été contraint de prendre de l'Oxynorm, une puissante morphine qui agit très vite contre les douleurs de ce type. Problème, cela fait plusieurs mois que ce médicament n'est plus trouvable en Belgique, comme le montre le site "PharmaStatut", qui recense les traitements disponibles ici.

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©pharmastatut.be

 

C'est anxiogène de savoir qu'il n'y en a plus

Forcément, ne plus avoir accès à cette puissante morphine pose de graves problèmes à Christian. "C'est anxiogène de savoir qu'il n'y en a plus", explique-t-il. Heureusement, il a commencé un sevrage du médicament. "Je pense que si je n'avais pas entrepris ce sevrage et que j'étais comme il y a six mois, avec des dosages assez élevés, je pense que j'aurai pu tout à fait devenir violent. (…) Dieu merci, je suis dans un processus d'arrêt qui fait que je ne suis plus trop angoissé par cela", précise Christian.

Une situation qui n'a pas changé en un an

En janvier 2022, Patrick nous contactait lui aussi via le bouton orange Alertez-Nous. Suite à des opérations du dos réalisées entre 2011 et 2014, ce quinquagénaire ressentait encore des douleurs et s'était fait prescrire de l'OxyNorm Instant 20mg. Hélas, cet antalgique était tombé en rupture de stock à partir d'octobre 2021. Le médecin de Patrick lui avait alors recommandé de l'Oxicrodon 20 mg, un médicament que notre témoin trouvait moins efficace, car il agit en libération prolongée (les effets se font ressentir après plusieurs heures, contrairement à l'OxyNorm qui apaise la douleur en 20 minutes). 

La pénurie d'OxyNorm était censée durer jusqu'à la fin décembre 2021, mais elle a perduré lors des premières semaines de 2022. Rebelote un an plus tard : l'OxyNorm n'est de nouveau plus disponible. 

Tout est devenu plus compliqué...

D'après Sandrine Daoud, porte-parole du cabinet du ministre de la Santé, Frank Vandenbroucke, cela peut s'expliquer, entre autres, par la pandémie et le conflit qui touchent l'Europe :"L’impact de la crise Covid-19 et de la guerre en Ukraine sur l’importation de médicaments en Belgique a été grand, car ces crises affectent notre approvisionnement en matières premières", explique-t-elle.

David Gering, directeur de communication chez PharmaBe (association générale de l'industrie du médicament), va dans ce même sens : "Effectivement, ces crises ont exercé une influence sur la production et la distribution des médicaments. Tout est devenu plus compliqué...".

Cependant, Sandrine Daoud se montre rassurante :"Pour faire face à cette dépendance à l’avenir, Frank Vandenbroucke a présenté un plan d'action à la Commission européenne le mois dernier, qui a été co-signé par 19 états membres". 

Crises mondiales, pénurie locale

Paradoxalement, même si ces perturbations atteignent l'Europe et le monde, les Belges payent les pots cassés. En effet, après avoir été alertés par Cécile, elle aussi dépendante de l'OxyNorm face aux douleurs, nous avons remarqué que cette pénurie n'atteignait pas tous les pays et que nos voisins français ne la subissaient pas comme nos concitoyens. Un constat édifiant. 

Christian, Patrick et Cécile peuvent juste prendre leur mal en patience et se tourner vers d'autres médicaments, en attendant que la situation entourant l'OxyNorm rentre dans l'ordre dans le courant de cet été normalement. 

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Commentaires

1 commentaire

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  • L'Ukraine a bon dos !

    pierre thiry
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