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Les étudiantes et étudiants confrontés à des situations de privation - difficultés à chauffer son logement ou à acquérir le matériel de cours par exemple - obtiennent des résultats moins brillants à l'université que celles et ceux n'en souffrant pas, constate une étude publiée lundi dans Brussels Studies. Si "l'affirmation peut sembler triviale", admet la revue, "elle n'est pourtant pas assez prise en compte dans le traitement des inégalités sociales face à l'enseignement".
Le sociologue Joël Girès a mené sa recherche à l'automne 2020 auprès de plus de 3.000 inscrits à l'Université libre de Bruxelles, afin d'examiner de quelle manière les conditions de vie étudiante influencent la performance académique. Il en ressort un constat "attendu mais éloquent", résume Brussels Studies : "plus les privations sont grandes, plus les points obtenus sont bas".
Ainsi, les personnes ne déclarant aucune privation obtiennent une note médiane de 13,1/20 à leurs examens. Pour les étudiants et étudiantes confrontés à de la privation, la médiane chute à 9,3/20. Ces jeunes sont également exposés à des risques d'abandon d'études trois à quatre fois plus élevés.
Quelle que soit l'origine sociale et familiale des étudiants, les privations ont systématiquement un effet négatif sur les points obtenus, relève encore l'étude. "Même les étudiants issus de familles sans réels problèmes financiers peuvent vivre des privations, potentiellement du fait des frais élevés impliqués par la décohabitation ou d'un manque de soutien familial", écrit ainsi le sociologue.
Si son constat apparaît peu surprenant, l'auteur de l'étude souligne que les privations des étudiants ne sont que trop peu prises en compte par les universités. Les dispositifs d'aide se concentrent ainsi surtout sur des cours de méthodologie et M. Girès pointe des aides sociales insuffisantes, ne bénéficiant qu'à une faible proportion d'étudiants.