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Macron défend l'Europe lors du centenaire du "Verdun portugais"

Les présidents français et portugais, Emmanuel Macron et Marcelo Rebelo de Sousa, ont rendu hommage lundi dans le cimetière portugais de Richebourg aux milliers de soldats portugais morts il y a 100 ans lors de la sanglante bataille de la Lys, le "Verdun portugais".

Devant des centaines de personnes venues assister à la cérémonie, dont des descendants des disparus, les deux dirigeants ont rappelé cette tragique bataille en lançant tous deux de vibrants plaidoyers en faveur d'une Europe unie et solidaire.

"Nous devons continuer à faire de l’Europe le rêve d’un continent, qui a vécu un cauchemar", a lancé Emmanuel Macron. "Nous n’oublierons jamais ce pourquoi ils sont morts. La direction qu’il nous faut continuer de prendre est celle d’un avenir partagé. Nous le devons à nos morts (...) et à notre jeunesse."

"Ceux qui pensent aujourd’hui qu’on pourrait faire bégayer l’histoire en recréant au sein de notre Europe des tensions, des nationalismes, le drame, ont une bien triste mémoire de ce sang qui a coulé", a mis en garde le président français.

Il a déploré, au lendemain notamment de l'écrasante victoire du Premier ministre souverainiste hongrois Viktor Orban, qu'"au moment où l’Europe doute d’elle-même, des peuples expriment leur peur de l’avenir en remettant leur sort aux mains de dirigeants qui se nourrissent de leur angoisse".

Ici s'est déroulé "le plus grand désastre militaire de notre histoire depuis 1578", a déclaré le président portugais. "Ces hommes âgés de 25 ans luttaient pour le Portugal mais aussi pour la France, qu’ils ne connaissaient pas. Sans le savoir, ils luttaient pour une autre patrie qui un siècle plus tard allait être celle de plus d’un million de compatriotes et de leur descendants". Il a aussi rendu hommage au ressortissant portugais mort dans l'attaque de Trèbes.

"Ne vous inquiétez pas, ne vous-en faites pas!", a lancé M. Macron à l'issue de la cérémonie à une centaines de badauds l'encourageant à "ne rien lâcher" concernant les réformes défendues par le gouvernement.

- "Une vraie boucherie" -

Dans ce petit cimetière reposent 1.831 soldats lusitaniens, le seul en son genre en France.

Lorsque, le 9 avril 1918, quatre divisions allemandes ont attaqué le corps expéditionnaire portugais, fort de 55.000 hommes, près de 7.400 Portugais ont été tués, blessés ou fait prisonniers.

"Je suis venu car mon grand-père a combattu ici deux ans. Il avait 20 ans, et lui qui habitait sous le soleil du Portugal s'est battu par -20 degrés. C'était l'horreur absolue, une vraie boucherie", raconte Antonio Duarte, 68 ans, chef d'entreprise franco-portugais.

"C'est un lieu qui touche toute l'histoire du Portugal", explique le député portugais Carlos Gonçalves. "C'est un moment de mémoire très important pour nos deux pays, car il y a 1,3 million de Français d'origine portugaise".

Venue avec 30 personnes d’une association de Portugais d’Ile-de-France, Emilia Ribeiro, 62 ans, montre la copie du livret militaire de son grand-père, qui a survécu en traversant une rivière à la nage alors que beaucoup de ses camarades étaient restés bloqués ne sachant pas nager.

Le président français a d'abord reçu lundi matin à l’Élysée le président portugais et son Premier ministre, Antonio Costa, qui tous trois étaient arrivés au cimetière vers 11h20. Il s'agit de la première visite officielle en France du président portugais.

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