Accueil Actu

Sauvetages humanitaires : plus de 400 migrants sur l'Ocean Viking et l'Open Arms

Plus de 400 migrants sont hébergés sur les navires humanitaires Open Arms et Ocean Viking après un troisième sauvetage, près de la Libye, effectué par ce dernier bateau. Mais aucune solution n'est en vue pour leur accueil.

Même si les capacités d'accueil optimales - 200 passagers environ - sont dépassées pour des personnes fatiguées, le coordinateur des opérations de recherche et de secours de l'ONG SOS Méditerranée, Nicholas Romaniuk, a décidé de continuer à patrouiller dans une zone située à 60 milles marins (environ 110 km) de Tripoli afin de secourir potentiellement d'autres embarcations.

"Nous sommes les seuls présents dans la zone, les garde-côtes libyens ne répondent pas", a-t-il expliqué à une journaliste de l'AFP présente à bord de l'Ocean Viking, faisant également valoir des conditions météo favorables qui peuvent inciter au départ.

En outre, la célébration de l'une des principales fêtes du calendrier musulman, l'Aïd-el-Kébir, allège probablement la surveillance sur les plages libyennes.

L'Ocean Viking, des organisations humanitaires SOS Méditerranée et MSF (Médecins sans frontières), a procédé à son troisième sauvetage en trois jours dimanche.

"Nous avons une veille 24 heures sur 24 et deux radars qui couvrent la zone. Ce matin, c'est la présence d'un avion de reconnaissance à basse altitude qui nous a alertés et conduits plus au nord", explique "Nich".

A bord d'un bateau en caoutchouc bleu de six à sept mètres de long s'entassaient 81 jeunes hommes qui ont applaudi les marins sauveteurs en les voyant approcher, prenant des selfies avec leur téléphone, inconscients des dangers encourus. Certains portaient des bouées en caoutchouc noir autour du cou, absolument inefficaces, selon les sauveteurs.

Majoritairement Soudanais, âgés aux trois-quarts (81%) de 18 à 34 ans, ils ont dit avoir quitté les côtes libyennes samedi soir.

"Ces bateaux sont bricolés à la main par les passeurs qui assemblent quelques pièces de caoutchouc entre elles. Jamais aucun n'obtiendrait la moindre certification pour transporter des passagers", affirme Nicholas.

La plupart des rescapés de l'Ocean Viking sont soudanais (aux deux tiers), même si le premier bateau secouru vendredi transportait aussi des Sénégalais et des Ivoiriens, allés travailler en Libye et rattrapés par la guerre.

- Des blessures de torture -

Selon le médecin de MSF, Luca, "les personnes secourues souffrent de déshydratation et beaucoup de la gale". Il a aussi "noté de nombreuses blessures héritées de tortures".

L'acteur américain Richard Gere a évoqué ces mauvais traitements samedi en conférence de presse à Lampedusa, avec les dirigeants de l'ONG Proactiva Open Arms, dont le navire humanitaire fait du surplace près de cette île du sud de l'Italie, avec 160 migrants à son bord, dont 121 sont "au point de rupture", après 10 jours en mer.

"La plupart en parlent comme des migrants mais pour moi ce sont des réfugiés en fuite. Des gens extraordinaires", a expliqué la star d'Hollywood. "Ils sont si forts, ils ont vécu des horreurs, un enfer, la torture, les viols, l'emprisonnement". Il faut arrêter "la déshumanisation" et "arrêter de diaboliser des êtres humains".

Dimanche, le fondateur de l'Open Arms, Oscar Camps, a lancé un nouvel appel à la solidarité européenne : "dixième jour à bord, par un dimanche caniculaire d'août. Nous résistons, nous avons 160 raisons de le faire. 160 êtres humains qui ont le droit de débarquer dans un port sûr. Honte sur toi Europe".

Neuf migrants de l'Open Arms ont pu débarquer dimanche soir : huit ont été emmenés en hélicoptère vers Malte et un vers Lampedusa. Ils ont été évacués pour des soupçons de tuberculose, pneumonie et parce qu'une femme de 32 ans est atteinte d'un cancer au cerveau.

"Mieux vaut (avoir) des amendes qu'être complices", a ajouté M. Camps, faisant allusion aux règles en vigueur en Espagne et en Italie où le navire risque la confiscation et des amendes d'environ un million d'euros.

En attendant, une trentaine de migrants ont directement débarqué sur les côtes italiennes dimanche : 16 Iraniens et Irakiens interceptés sur un voilier arrivé dans les Pouilles (sud) et 13 Nord-Africains sur un bateau de pêche qui a accosté sur l'île sicilienne de Marettimo.

À lire aussi

Sélectionné pour vous