Accueil Actu

Procès de Mehdi Nemmouche: la présidente refuse la demande de report de la défense, l'audience reprendra le 7 janvier

L'attentat du Musée juif de Bruxelles qui avait fait quatre morts en 2014 serait le premier commis en Europe par un jihadiste de retour de Syrie: le procès de son auteur présumé, Mehdi Nemmouche, a connu son premier acte ce jeudi dans la capitale belge. Nos journalistes Dominique Demoulin et Antoine Schuurwegen ont suivi cette première audience qui s'est achevée vers 14h30, lorsque la présidente a annoncé qu'elle refusait la demande de report de la défense et que la prochaine audience aurait lieu le 7 janvier.

Mehdi Nemmouche et Nacer Bendrer, deux Français de respectivement 33 et 30 ans, sont accusés d'être auteurs ou co-auteurs de l'attaque terroriste commise le 24 mai 2014 au Musée juif de Belgique, situé rue des Minimes à Bruxelles. Elle avait coûté la vie à quatre personnes: Emmanuel et Miriam Riva, un couple de touristes israéliens, Dominique Sabrier, une bénévole du musée, et Alexandre Strens, un employé du musée.


16h10 - Nous apprenons que la cour a dressé une liste de quelque 120 témoins à entendre lors du procès.


La cour a décidé de faire entendre, parmi les nombreuses personnes appelées à témoigner, les quatre journalistes français qui avaient été pris en otage en Syrie en 2013. Ceux-ci avaient dit reconnaître Mehdi Nemmouche comme l'un de leurs geôliers. Ces témoins ont été demandés jeudi matin par certaines parties civiles, mais les conseils de Mehdi Nemmouche s'y sont opposés, estimant que les accusations portées par ces journalistes font partie d'un autre débat judiciaire. "Le principe que la partie civile va tenter de nous infliger, c'est de substituer les faits par l'émotion avec ces quatre prétendus otages, autrement dit prétendre que parce que monsieur Nemmouche est un geôlier et un tortionnaire, il est aussi un assassin. Je rappelle qu'il n'y a aucune vérité judiciaire encore à propos de cette prise en otage", a déclaré Me Sébastien Courtoy, avocat de Mehdi Nemmouche avec Me Henri Laquay et Me Virginie Taelman.

La cour a également décidé d'entendre des membres de la famille de Mehdi Nemmouche comme témoins de moralité, bien que ce dernier ne souhaitait pas qu'ils soient appelés à venir témoigner. "Il n'y a rien de pertinent dans leurs déclarations faites à la police. Je les ai lues attentivement. Personne n'a à gagner quoi que ce soit à ce qu'ils se présentent devant la cour. Ce serait extrêmement difficile pour eux de venir ici. Je voudrais qu'ils ne figurent pas sur la liste des témoins", s'est exprimé l'accusé.

Par ailleurs, la cour a décidé de ne pas citer à comparaître le directeur du Mossad (les services secrets israéliens) et l'ambassadeur d'Israël en Belgique, comme réclamé par les avocats de Mehdi Nemmouche. Ceux-ci souhaitaient entendre ces témoins à propos de prétendues activités de renseignements des époux Riva, deux des quatre victimes de la tuerie au Musée juif. L'audition de ces témoins aurait permis, selon Me Courtoy, de prouver l'existence d'un complot dont serait victime son client. Il a précisé qu'un enquêteur avait pourtant voulu interroger un responsable du Mossad mais que cela lui avait été refusé.

Enfin, la présidente de la cour, Laurence Massart, a décidé, en vertu de son pouvoir discrétionnaire, d'entendre plusieurs intellectuels en qualité d'experts, sur des questions touchant au conflit armé en Syrie et au phénomène de radicalisation.

15h10 - L'avocat de Mehdi Nemmouche s'est montré jeudi pessimiste quant à la présence de son client à l'ouverture de son procès devant la cour d'assises de Bruxelles, le 7 janvier.

Me Sébastien Courtoy a aussi vertement critiqué la décision de la cour de refuser d'entendre les 50 enquêteurs demandés comme témoins. "Nous avons demandé 130 témoins dont 50 enquêteurs, ils ont tous été refusés", a déploré l'avocat à la sortie de l'audience préliminaire. "On voit clairement la direction qu'on veut donner à ce dossier. Heureusement il reste le jury, vers lequel se tournent désormais tous nos espoirs".

Me Courtoy a par ailleurs accusé la police d'avoir "truqué" une photo prise au Musée juif le jour des faits, et une nouvelle fois déploré que le policier qu'il met en cause ne soit pas retenu comme témoin."Je retiens que la justice belge ne veut pas entendre ses enquêteurs", a-t-il conclu.

14h30 - La présidente refuse la demande de report de la défense de Mehdi Nemmouche.

Selon la présidente, l’horaire sera assoupli au début janvier. "Les audiences ne seront pas surchargées. On ne siégera pas jusque 20h", a-t-elle assuré. L’horaire sera connu la semaine prochaine. L’audience est levée. Elle reprendra le 7 janvier avec la composition du jury: 12 jurés et 12 suppléants seront tirés au sort.

13h40 - "Il faut être idiot" pour penser que les faits commis au Musée juif le 24 mai 2014 constituent un attentat commis par l'Etat islamique, a commenté l'avocat de Mehdi Nemmouche, Sébastien Courtoy,
à la sortie de l'audience préliminaire de jeudi matin devant la cour d'assises de Bruxelles.

Interrogé sur le fait que son client a été arrêté en possession des armes utilisées pour la tuerie, l'avocat promet "une belle surprise" à la cour sur ce sujet. Il reconnaît néanmoins que Mehdi Nemmouche ne les a pas trouvées "sous le sabot d'un cheval". Quant à sa demande de faire témoigner le patron des services secrets israéliens, ce qui permettrait selon lui de prouver l'existence d'un complot dont serait victime son client, Me Courtoy indique qu'un enquêteur avait voulu interroger un responsable du Mossad mais que cela lui avait été refusé parce que la Belgique est un "petit pays".Mehdi Nemmouche "ne souhaite pas que les débats se concentrent sur l'émotion, mais uniquement sur les faits", a encore dit son conseil.

11h04 - Le jihadiste français Mehdi Nemmouche espère "voir son innocence reconnue" lors de son procès qui s'ouvrira le 10 janvier, a annoncé jeudi son avocat Sébastien Courtoy. "Mehdi Nemmouche espère enfin, après quatre années (d'emprisonnement, ndlr), voir son innocence reconnue", a déclaré Me Courtoy lors d'une audience préliminaire devant la cour d'assises de Bruxelles, en présence de l'accusé et destinée à préparer le procès à venir.


 

10h30 - La défense de Nemmouche demande officiellement un report de 15 jours du début du procès pour pouvoir étudier l'acte d'accusation et les dernières pièces déposées par le parquet fédéral, a indiqué jeudi Me Sébastien Courtoy. Il a par ailleurs assuré que son client reconnaissait l'autorité du tribunal et qu'il était donc présent à l'audience pour faire valoir son "innocence".

10h20 - La défense de Medhi Nemmouche demande l’audition de l’ambassadeur d’Israel à Bruxelles et à Berlin. Elle demande aussi l’audition du chef du Mossad. Medhi Nemmouche ne souhaite pas que sa famille vienne témoigner. Certaines parties civiles demandent l’audition des 4 otages français de l’EI, 4 journalistes qui affirment que Medhi Nemmouche était leur geôlier.

Le point à 9h30 sur le début du procès avec notre journaliste Antoine Schuurwegen: 

"Peu après 8h, on a vu arriver des convois de voitures blindées avec à leur bord les deux accusés. Ils sont rentrés très rapidement dans le palais de justice de Bruxelles, ultra sécurisé. Les convois de policiers étaient arrivés dès 6h, ainsi que des blindés, une autopompe et l’hélicoptère de la police fédérale", indique notre journaliste. Avant d'ajouter: "L’audience de ce matin sera avant tout technique. Il va s’agir d’arrêter la liste des témoins, sans doute entre 120 et 150 personnes qui seront ensuite convoquées durant le mois de janvier-février pour venir témoigner".

Antoine Schuurwegen explique que "la défense de Mehdi Nemmouche devrait demander le report du début du procès d’une quinzaine de jours afin qu’ils puissent analyser des pièces reçues récemment de la part du parquet fédéral. Mehdi Nemmouche prendra la parole ce matin et déclinera son identité. On verra quelle attitude il adoptera face au tribunal et s’il reconnaître son autorité"

9h21 - C'est au tour de Nacer Bendrer.

9h20 - Mehdi Nemmouche décline son identité. Il est entouré de 3 agents des unités spéciales cagoulées. 

9h16 - Les deux accusés refusent d'être photographiés, même floutés. 

9h15 - Mehdi Nemmouche et Nacer Bendrer entrent dans la salle d'audience.


 

8h15 - Le complice de Mehdi Nemmouche, Nacer Bendrer, vient d'arriver au palais de justice. Tous deux doivent répondre du même chef d'"assassinat terroriste".

8h12 - Pour rappel, Mehdi Nemmouche vient de la prison de Leuze-en-Hainaut. Nacer Bendrer, qui était quant à lui détenu jusqu'ici en France, a été transféré à la prison de Saint Gilles. 

7h57 - Notre journaliste Antoine Schuurwegen constate l'arrivée de Mehdi Nemmouche au palais de justice de Bruxelles. 

6h30 - Selon les dernières informations de notre journaliste sur place, Antoine Schuurwegen, les policiers se mettent en place. Un important dispositif policier est prévu. Plusieurs combis de police ainsi que deux véhicules blindés sont présents. La sécurité au palais de justice sera identique à celle du procès de Salah Abdeslam, dans le cadre de la fusillade rue du Dries, nous indique Antoine Schuurwegen.


 

RAPPEL DES FAITS

Une audience décrite comme "purement administrative" par les magistrats est convoquée à 09h00 (08h00 GMT) à la cour d'assises de Bruxelles, dans un palais de justice placé sous haute sécurité. Il s'agit de dresser une liste précise des 150 à 200 témoins appelés à la barre à partir de la mi-janvier, dans ce procès qui pourrait durer six semaines. Le jihadiste est jugé avec un complice, Nacer Bendrer. Les deux Français doivent répondre du même chef d'"assassinat terroriste".


Un délinquant multirécidiviste

Les débats devant la Cour doivent débuter le 10 janvier, mais les accusés pourraient dès jeudi être amenés à se présenter à leurs juges pour décliner leur identité... à moins d'un refus de dernière minute, précise une source judiciaire. Ils peuvent en théorie être représentés par leurs avocats. Selon l'accusation, Mehdi Nemmouche, délinquant multirécidiviste âgé aujourd'hui de 33 ans, est l'homme qui, le 24 mai 2014, avait ouvert le feu dans le hall d'entrée du Musée juif, tuant un couple de touristes israéliens, une bénévole française et un jeune employé belge du Musée.

A l'époque, il était revenu depuis peu de Syrie où il avait combattu dans les rangs jihadistes. Soupçonné d'y avoir été l'un des geôliers de quatre journalistes français, il a été inculpé en novembre 2017 dans une enquête à Paris sur cette séquestration et un autre procès se profile pour lui en France.

Lors de l'instruction en Belgique sur la tuerie de Bruxelles, il a reconnu avoir "joué un rôle" mais nié être le tireur. L'enquête n'a pas permis d'identifier un homme figurant sur les images d'une caméra de surveillance marchant à ses côtés à proximité de la gare du Nord de Bruxelles, à la veille de sa fuite pour la France.

Mehdi Nemmouche avait été arrêté le 30 mai 2014 en possession de plusieurs armes à la gare routière de Marseille, où s'est ensuite concentrée une partie de l'enquête. Son co-accusé, Nacer Bendrer, 30 ans, un délinquant marseillais sans aucun passé de jihadiste, est soupçonné de lui avoir fourni des armes. Il clame son innocence.

"Mon client n'est pas un enfant de choeur, mais il n'a absolument rien à voir avec cette affaire, il vit un vrai cauchemar", a déclaré à l'AFP Me Christine D'Arrigo, avocate de Bendrer.


Revendiquées par le groupe Etat islamique

Transféré dans une prison belge pour la durée du procès, le Français purge actuellement une peine de cinq ans de prison pour une tentative d'extorsion de fonds dans le milieu du narcobanditisme. Quant à Nemmouche, longtemps resté silencieux pendant l'enquête sur la tuerie, sa première comparution publique est très attendue par les familles et les organisations juives qui se sont portées parties civiles.

Celles-ci font valoir le caractère antisémite "évident" de l'attaque, rappelant que toute la communauté juive au niveau international avait été "choquée" par cette attaque. Le Musée juif de Bruxelles était resté fermé quatre mois après les faits. Les enquêtes sur Mehdi Nemmouche, né à Roubaix (nord de la France) dans une famille d'origine algérienne, ont par ailleurs montré qu'il côtoyait dès 2013-2014 en Syrie Najim Laachraoui, un des kamikazes des attentats qui avaient fait 32 morts à Bruxelles le 22 mars 2016.

Commises par la cellule à l'origine des attentats parisiens de novembre 2015, ces attaques avaient aussi été revendiquées par le groupe Etat islamique.

À lire aussi

Sélectionné pour vous