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Le chanteur star marocain Saad Lamjarred, accusé d'un viol par une jeune femme fin 2016 à Paris, sera jugé en France, mais pour des charges allégées d'"agression sexuelle", une décision d'un juge d'instruction contestée par la plaignante qui réclame un procès aux assises.
Le procès du chanteur, qui a bénéficié d'un non-lieu dans un autre volet de cette enquête, ne se tiendra toutefois pas avant 2020 au mieux, le temps d'examiner le recours formé par cette femme qui ne renonce pas à voir le chanteur jugé pour viol devant un jury populaire.
Phénomène de 34 ans
Depuis le début de cette affaire très suivie au Maroc, Saad Lamjarred, phénomène de 34 ans qui cumule plus d'un milliard de vues sur YouTube, est revenu à plusieurs reprises à la Une de la chronique judiciaire française.
Dernier épisode fin août: le chanteur avait écopé d'une troisième mise en examen en France pour viol, cette fois après la plainte d'une jeune femme au terme d'une soirée à Saint-Tropez.
Il avait ensuite été incarcéré mi-septembre avant d'être libéré sous contrôle judiciaire le 5 décembre et contraint de résider à Paris le temps de l'enquête, menée par un juge d'instruction de Draguignan (Var).
Plusieurs accusations
Cette nouvelle affaire s'ajoutait aux accusations plus anciennes de deux autres femmes, examinées conjointement par un magistrat parisien. Celui-ci a rendu mardi sa décision finale au terme de l'enquête, a-t-on appris vendredi auprès des avocats, confirmant une information du Parisien.
Dans le premier volet, le chanteur était mis en examen pour viol et violences aggravées depuis octobre 2016, après la plainte déposée par une jeune femme.
Laura P., alors âgée de 20 ans, affirmait avoir été agressée par le chanteur dans la chambre d'hôtel de ce dernier quelques jours avant son concert à Paris, sur fond d'alcool et de drogue.
Incarcéré dans la foulée, Saad Lamjarred avait été libéré sous bracelet électronique en avril 2017.
Mardi, le juge d'instruction a ordonné qu'il soit jugé devant le tribunal correctionnel de Paris pour ces faits, mais requalifiés en "agression sexuelle" et "violences aggravées", conformément aux réquisitions du parquet de Paris. "En excluant la qualification de viol, le juge d'instruction et le procureur de la République rejoignent l'analyse initiale de la défense", s'est félicité auprès de l'AFP Me Jean-Marc Fedida, avocat du chanteur. "Il n'y a jamais eu aucune espèce de violence, c'est un renvoi a minima", a-t-il ajouté. "Pour nous, c'est inacceptable, cette affaire relève de la cour d'assises", a réagi Me Jean-Marc Descoubes, avocat de Laura P.
Dans le second volet, le chanteur avait été mis en examen pour viol en avril 2017, cette fois pour les faits dénoncés dans la plainte d'une jeune Franco-Marocaine affirmant avoir été agressée et frappée par le chanteur à Casablanca en 2015. La plaignante s'était ensuite mise en retrait de la procédure et le juge a ordonné un non-lieu pour ce volet.
Enfance dans une famille d'artistes renommés
Né en avril 1985, Saad Lamjarred est originaire de Rabat, où il a grandi dans une famille d'artistes renommés. Il a commencé à se faire connaître dans le monde arabe en 2007 en participant à l'émission libanaise Super Star, mais n'est devenu une célébrité qu'à partir de 2013 avec son titre "Mal Hbibi Malou" ("Qu'arrive-t-il à ma bien-aimée?").
Saad Lamjarred reste adulé dans son pays natal, malgré ces affaires, qui ont relancé le débat au Maroc sur les violences contre les femmes. Ses fans restent persuadés que le chanteur est victime d'un complot et/ou que ses présumées victimes cherchent à tirer profit de sa notoriété.
En septembre, après sa nouvelle incarcération, une campagne pour bannir ses titres des ondes marocaines, avec les hashtags #masaktach (je ne me tais pas) et #LamjarredOut, avait dominé les réseaux sociaux, obtenant un écho viral mais un succès mitigé dans les radios.
En 2010, le chanteur avait déjà été mis en cause aux Etats-Unis dans une affaire de viol dans laquelle il nie toute implication. Les poursuites avaient été abandonnées.