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« Nous sommes-là parce qu’il a violé trois personnes, voilà pourquoi nous sommes-là ! » a lancé la procureure Nicole Blumberg ce mardi 3 juin, dans son réquisitoire final devant la cour de New York. Harvey Weinstein, 73 ans, est rejugé après l’annulation en appel de sa condamnation de 2020 à 23 ans de prison pour agressions sexuelles.
Ce nouveau procès repose sur les témoignages de trois femmes : Mimi Haley et Jessica Mann, dont les accusations avaient mené à la première condamnation, et Kaja Sokola, qui affirme avoir été agressée sexuellement par l’ancien producteur en 2006, à l’âge de 19 ans.
L’avocat de Weinstein plaide l’acquittement
Dans sa plaidoirie, l’avocat Arthur Aidala a demandé aux jurés de ne pas confondre « immoralité » et « criminalité », estimant que les accusations relèvent de relations « transactionnelles », décrivant une logique de « promotion canapé ». Selon lui, ses clientes sont des « femmes aux rêves brisés » qui auraient utilisé Harvey Weinstein pour progresser dans leur carrière.
« Il ne s’agit pas de prouver qu’elles étaient consentantes, mais de montrer que le doute subsiste », a-t-il plaidé. Il a même affirmé : « C’est lui qu’on a utilisé », inversant les rôles entre le producteur tout-puissant et les femmes qui l’accusent.
Les victimes maintiennent leurs accusations
Face à la défense, la procureure a rappelé que les victimes avaient toutes témoigné de violences sexuelles non consenties. « Je lui ai dit d’arrêter (…), mais il ne m’a pas écoutée », a déclaré Kaja Sokola. Miriam Haley, de son côté, a raconté avoir supplié Weinstein d’arrêter, sans succès : « Je me suis dit : ‘Je me fais violer, voilà, c’est comme ça’».
La procureure a également souligné que les victimes ont continué à côtoyer Weinstein après les faits, non par complicité mais par peur de ruiner leur carrière dans un milieu dominé par son influence. « Elles savaient qu’il fallait rester de son côté », a-t-elle expliqué, évoquant leur choix de « taire » leur traumatisme.
Contrairement au premier procès en 2020, qui s’était déroulé dans un climat de forte mobilisation publique, les audiences de ce nouveau procès ont eu lieu dans une relative discrétion. Harvey Weinstein, qui comparaît chaque jour en fauteuil roulant, purge déjà une autre peine de prison en Californie pour crimes sexuels.
Le réquisitoire de la procureure se poursuit mercredi. Le juge donnera ensuite ses instructions au jury, chargé de rendre un verdict dans cette affaire emblématique de la naissance du mouvement #MeToo.


















