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La mère de la chanteuse Cassie a témoigné à New York des violences physiques et psychologiques infligées à sa fille par le rappeur P. Diddy, aujourd’hui accusé de trafic sexuel et de crimes graves.
Au deuxième jour de la semaine d’audience, un nouveau témoignage accablant est venu alourdir le dossier contre Sean Combs, alias P. Diddy. Mardi 20 mai, Regina Ventura, mère de la chanteuse Cassie, a pris la parole devant le tribunal fédéral de Manhattan. Elle a évoqué avec émotion les menaces et violences dont sa fille aurait été victime durant sa relation avec le magnat du hip-hop, poursuivi pour trafic sexuel, enlèvement, violences et corruption dans le cadre d’une "entreprise criminelle".
Interrogée par la procureure, Regina Ventura a commenté un email envoyé par sa fille le 23 décembre 2011, projeté sur écran pour les jurés. Dans ce message, Cassie écrivait que P. Diddy menaçait de "diffuser deux vidéos sexuelles explicites" la concernant. Elle y ajoutait également que le rappeur avait affirmé vouloir faire du mal "physiquement" à elle et à Scott Mescudi, plus connu sous le nom de Kid Cudi, avec qui elle avait eu une brève relation. Ce dernier pourrait être appelé à témoigner prochainement. "J’en étais malade", a confié Regina Ventura à la barre.
Des violences documentées
Toujours selon la mère de la chanteuse, des photos montrant Cassie avec des hématomes datés de la même période avaient été prises pour constituer des preuves des coups présumés portés par Sean Combs. "Elle avait des contusions. Nous voulions être certains d’avoir des éléments pour montrer un jour qu’elle avait été battue par Sean Combs", a-t-elle expliqué.
La défense veut démontrer au contraire que Cassie prenait part volontairement à ces relations sexuelles pendant la décennie où elle a été en couple avec le rappeur et producteur (2007-2018). Elle ne conteste pas que P. Diddy a été violent avec la chanteuse, mais elle essaie de dépeindre un couple où les tromperies et les jalousies étaient réciproques, et la sexualité totalement débridée.
Cassie au cœur du procès
Cassie, de son vrai nom Casandra Ventura, a elle-même livré la semaine dernière un témoignage central, décrivant les "freak-offs", des marathons sexuels sous emprise de drogues durant lesquels elle devait avoir des relations avec d'autres hommes payés, sous l’œil du producteur, qui filmait les scènes. Elle a affirmé que la menace de diffusion de ces vidéos était utilisée comme un outil de contrôle par P. Diddy.
Ces deux dernières semaines, les 12 jurés et six suppléants qui ont dans leurs mains le destin judiciaire du rappeur et producteur, sont confrontés presque chaque jour à la description détaillée de scènes sexuelles. A la fin du procès, ils devront dire si l'accusé a mis depuis au moins 2004 ses moyens financiers, son influence et ses menaces au service d'un trafic sexuel, où des femmes étaient contraintes d'avoir des relations avec des hommes rémunérés devant lui.
Un strip-teaseur interrogé par la défense
La défense a également interrogé un autre témoin : Sharay Hayes, alias "The Punisher", un strip-teaseur engagé à une dizaine de reprises par le couple. Il a déclaré ne jamais avoir perçu de malaise chez Cassie, tout en reconnaissant que c’est bien Sean Combs qui "donnait les directives".
P. Diddy, figure majeure du hip-hop américain, encourt la prison à perpétuité si les jurés, actuellement au nombre de douze, épaulés par six suppléants, estiment qu’il a organisé et dirigé un réseau de trafic sexuel.



















