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Yves Sente n’est pas un inconnu du grand public. Son nom est associé à plusieurs monuments de la bande dessinée : « Blake et Mortimer », « Thorgal », « XIII ». Mais aujourd’hui, c’est dans un tout autre format qu’il revient. Avec « L’Expérience Pentagramme », il signe un roman ambitieux, à la frontière entre la fiction et des faits bien réels.
« Depuis longtemps, j’avais envie d’écrire un roman. Mais je n’avais tout simplement pas le temps », confie-t-il. L’occasion s’est présentée lorsqu’un dessinateur a pris un peu de retard. « Je me suis dit : soit tu fais une BD de plus, soit tu fais le roman que tu regretteras de ne jamais avoir écrit. »
La DARPA, Waterloo et une héroïne inattendue
Dans ce thriller, on suit plusieurs anciens soldats américains ayant participé à un programme expérimental visant à traiter leurs traumatismes de guerre. En apparence, ils testaient un médicament. Mais une intervention supplémentaire, non révélée, aurait également été pratiquée. « Ça, c’est la réalité », souligne l’auteur. « Mais dans mon roman, il y a une petite fiction en plus… »
Le récit prend une tournure intrigante lorsque ces anciens militaires, sans se connaître, ressentent un besoin inexpliqué de se rendre à… Waterloo. « Il n’y a pas qu’un clin d’œil. Je suis Bruxellois, je connais bien le Brabant wallon. Mais surtout, Waterloo est un vrai nid d’expatriés américains », explique Yves Sente, justifiant le choix de ce décor belge inattendu pour une intrigue d’abord américaine.
C’est dans cette ville qu’intervient Waya Wings, une héroïne forte et complexe, ancienne cheffe de la sécurité de la DARPA – l’agence américaine de recherche militaire. « La DARPA existe vraiment. Son budget est d’environ 4 milliards de dollars, rien que pour développer des technologies destinées à créer le soldat 2.0 », précise l’auteur.
Une liberté nouvelle
Après des années de scénarios calibrés pour la BD, Yves Sente découvre avec enthousiasme l’amplitude du format romanesque : « En bande dessinée, on a des contraintes d’espace. On doit condenser, raccourcir. Là, on peut creuser la psychologie, faire vivre les dialogues. C’est un vrai plaisir différent. »
Cette liberté narrative lui permet d’aborder un thème qui le fascine depuis l’enfance : la manipulation du cerveau. « Je pense que le cerveau est le dernier espace de liberté qu’on a aujourd’hui. Si on s’attaque à ça, il n’y a pas seulement un scénario. Il y a matière à inquiétude. »
Une héroïne appelée à revenir ?
Le roman est sous-titré « La première enquête de Waya Wings ». Une suite est-elle déjà prévue ? « J’aimerais beaucoup, et mon éditeur aussi. Il m’avait demandé un personnage récurrent. Mais ce sont les lecteurs qui décident », confie-t-il.
Pour Yves Sente, ce premier roman est aussi un pari : celui de se faire une place dans un univers littéraire où « les places sont chères ». En France, rappelle-t-il, « 16.000 romans ont été publiés l’an dernier ».
