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Dans son dernier roman "Prime time", Maxime Chattam embarque ses lecteurs dans l'univers tendu et fascinant d'une prise d'otage en plein journal télévisé. Un huis clos haletant au cœur d'une rédaction, mêlant les arcanes de la télévision et les techniques des négociateurs du GIGN.
Imaginez un présentateur de journal télévisé pris en otage en direct. C’est le point de départ de "Prime time", le dernier roman de Maxime Chattam, publié chez Albin Michel. Inspiré par le monde du journalisme télévisé, l’auteur y mêle sa maîtrise des thrillers et sa fascination pour les coulisses d’univers inconnus : "Le monde du JT est un univers que le grand public connaît sans connaître. On ne connaît pas les coulisses, les arcanes. Donc j'avais envie de me plonger un peu là-dedans pour le décrypter, le raconter".
Pour nourrir son récit, Maxime Chattam s’est immergé dans plusieurs rédactions. Une expérience qui l’a marqué : "Je me suis rendu compte qu'il ne faut pas être passionné. Il faut que ce soit ancré en vous (...). Ce sont des passionnés qui sont en flux tendu, qui n'ont pas le droit à l'erreur parce qu'ils sont en direct. Ils sont surentraînés".
Entre télévision et GIGN
L’intrigue de "Prime time" ne se limite pas aux rouages de la télévision. L'écrivain y incorpore aussi les techniques des négociateurs du GIGN, une unité qu’il a étudiée de près. "On les connaît tous, parce que l'unité d'intervention, on les a vus à la télévision dans des cadres un peu dramatiques, souvent liés au terrorisme. Donc j'ai débarqué au GIGN en pensant que c'était avant tout ça la force d'intervention. Alors que ce n'est qu'un élément, il y a aussi la négociation et c'est ça qui m'a intéressé parce que la négociation, c'est de l'être humain. C'est-à-dire que tous les jours, on a beau être formé tous les jours, on est face à quelqu'un de différent et à une situation différente".
Ce mélange de mondes, celui de la télévision et celui des forces spéciales, donne au roman une profondeur particulière. Maxime Chattam en profite pour poser des questions sur le rôle de la télévision et le cynisme qui peut parfois l’entourer : "Il y a un plébiscite global puisque la télé ne fait que proposer ce que les gens regardent. Donc avoir une télécommande dans les mains, c'est un acte politique. C'est le choix de ce qu'on veut regarder et donc de ce qu'on a envie d'avoir demain à la télévision. Et ça, il faut juste l'assumer".
Une réflexion sur la célébrité et la médiatisation
À travers ses personnages, Maxime Chattam interroge également la quête de reconnaissance et la relation à la gloire. "Forcément, quand on est face aux caméras, dans la lumière, on pose la question de sa relation à soi, au pouvoir, à l'envie de médiatisation. Et moi, j'avais envie de pousser le truc jusqu'au bout. C'est-à-dire jusqu'où, une chaîne de télévision peut être prête à aller demain pour inventer la télévision 3.0. et créer de toutes pièces un fait divers pourrait finalement devenir une émission de demain ?".
Une question qui résonne d’autant plus que l’auteur vit aux côtés de sa femme, Faustine Bollaert, animatrice bien connue de la télévision française. Si cette proximité l’a aidé à enrichir son livre, il confie avoir choisi de ne pas lui dévoiler son projet immédiatement. "J'ai commencé à écrire le livre et après, je lui ai fait découvrir pour avoir son sentiment", avoue-t-il, précisant qu’elle a même apporté quelques corrections.