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Le grandissime favori du Tour d'Italie, Tadej Pogacar s'attaque samedi à l'immense défi de gagner la même année le Giro et le Tour de France, un exploit inédit depuis vingt-six ans. Personne depuis Marco Pantani en 1998 n'a réalisé ce tour de force qui consiste à enchaîner deux odyssées de trois semaines pour 42 étapes et 6.892 kilomètres au total.
Pour notre consultant Maxime Montfort, si le Slovène garde sa forme actuelle, cela risque d'être extrêmement difficile. "Personne ne pourra l'ennuyer s'il est au niveau de son début de saison", explique-t-il d'emblée. Cependant, comme il le rappelle, une surprise n'est jamais à exclure. "Par contre, une course n'est jamais gagnée avant la ligne d'arrivée. Derrière, c'est très ouvert".
Les récentes chutes qui ont décimé le peloton sont aussi venues rappeler que le cyclisme restait un sport particulièrement exposé aux aléas comme Pogacar l'avait lui-même expérimenté à travers une fracture de la main lors de Liège-Bastogne-Liège l'an dernier. "Il peut se passer tellement de choses en trois semaines. Il y aura peut-être moins de stress que sur le Tour de France, mais je m'attends à du mauvais temps, des étapes difficiles et de longues ascensions", souligne Pogacar prudent jeudi soir.
Concurrence modeste
Mais les anciens s'accordent aussi à dire que si un coureur peut réussir le doublé, c'est bien Pogacar, le coureur le plus complet du monde, qui arrive avec une préparation millimétrée et respire la santé avec sept victoires en seulement dix jours de course en 2024, dont trois démonstrations aux Strade Bianche, au Tour de Catalogne et à Liège-Bastogne-Liège.
Les actions du Slovène sont même à la hausse depuis la grave chute de Jonas Vingegaard qui n'était pas prévu dans le Giro, mais qui promettait d'être le favori pour un troisième sacre consécutif dans le Tour de France. Très amoché, le Danois n'est même pas sûr de participer à la Grande Boucle (29 juin-21 juillet) où on attend aussi Primoz Roglic et Remco Evenepoel.
Au Tour d'Italie, moins montagneux que d'habitude (7.000 m de dénivelé en moins qu'en 2023), Pogacar possède une marge importante sur une concurrence plus modeste. Ben O'Connor, Geraint Thomas, deuxième l'an dernier, Cian Uijtdebroeks et Romain Bardet comptent parmi les principaux outsiders, mais ils évoluent un cran en dessous, alors que deux autres leaders français, Christophe Laporte et Julian Alaphilippe, vont surtout chasser des étapes.
À propos de Cian Uijtdebroeks, notre consultant se veut optimiste. Selon lui, sa préparation et son début de saison laissent entrevoir de belles choses pour ce Giro. "Il a fait un superbe début de saison. (...) Je n'ai pas vu de problèmes chez lui dans sa préparation. Donc oui, je pense qu'il a un super niveau". Étant donné que Wout van Aert ne sera pas présent, le jeune Belge aura une certaine « pression » sur ses épaules.
De quoi le faire douter durant ce Tour d'Italie ? Pour Maxime Monfort, la réponse est non. "Je n'ai pas l'impression qu'il se mette beaucoup de pression comparée à celle qu'on se met lorsqu'on participe à une compétition professionnelle".
Le "GOAT" ?
Pogacar, lui, dit d'abord attendre dans quel état il sortira du Giro avant de vouloir penser au doublé alors que, mine de rien, il n'a plus remporté de grand Tour depuis son deuxième Tour de France en 2021.
Ce qui l'intéresse dans l'immédiat est surtout d'épingler une nouvelle épreuve à son tableau de chasse. "Je veux les cocher toutes", souligne le leader d'UAE qui compte déjà 70 victoires à seulement 25 ans et avoue aspirer à "devenir le meilleur de tous les temps".
En termes de palmarès, il est encore loin d'un Eddy Merckx (11 grands Tours, 19 Monuments, alors que lui en compte 2 et 6). Mais pour ses contemporains, sa domination et l'empreinte qu'il imprime sur son époque sont bien celles d'un cannibale, le surnom de la légende belge. "Pour moi, Pogacar joue dans la même catégorie que Merckx, assure ainsi le Britannique Geraint Thomas, vainqueur du Tour en 2018, dans son podcast. "Son palmarès et sa manière de courir sont phénoménaux. Il a le pedigree d'un GOAT" (Greatest Of All Time).
Si la comparaison reste osée, un doublé de Pogacar sur le Giro et le Tour placerait la question au centre des débats pour les années à venir.
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