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Bastien a investi 200.000 euros pour devenir opticien mais constate que les clients se dirigent vers des chaînes : « Il y a des jours où personne ne passe »

Par RTL info avec Romain Mayez et Amandine Payen
En 20 ans, le nombre d’opticiens indépendants a quasiment été divisé par deux en Belgique. Leurs boutiques sont en effet de plus en plus souvent remplacées par des chaînes de lunettes bien connues, mais aussi des magasins à bas prix. Y a-t-il encore un avenir pour ces indépendants ?

C’est le projet d’une vie pour Bastien. 200 000 euros investis de sa poche pour devenir opticien indépendant. Mais 7 mois après l’ouverture de son magasin, son affaire tourne au ralenti. « C’est assez compliqué d’être en positif parce qu’il y a des jours où je n’ai aucun client qui passe la porte. Ça m’est arrivé de rester 15 jours sans que personne ne rentre dans mon magasin. Les gens se dirigent plus vite dans une chaîne qu’un indépendant parce que dans la tête des gens, l’indépendant est cher ». D’après Bastien, ce qui freine l’afflux de clients dans son magasin, c’est notamment la forte concurrence des chaînes d’opticiens et des magasins low-cost. Mais sur ses étagères, il nous montre des lunettes de toutes les gammes. Des paires de marques à plusieurs centaines d’euros et d’autres à partir d’une vingtaine d’euros.

« Ici, vous avez une monture simplement que je vais vendre 25 euros. Je propose au client ce prix-là. C’est le même style de monture que vous pouvez retrouver en chaîne bien connue », précise Bastien.

Quelle différence entre un indépendant opticien et une chaîne ou un magasin low cost ?

« En termes de qualité de verre, je ne sais pas s’il y a vraiment une énorme différence. Je pense que la plupart des verres à l’heure actuelle viennent de l’Asie. Par contre, je pense que la grosse différence réside dans le service », analyse Luc Dewolf, ophtalmologue au grand hôpital de Charleroi.

Un service et un suivi de meilleure qualité chez un indépendant. Il y a une vingtaine d’années, on en comptait en Belgique près de 2 300. Désormais, ces opticiens indépendants ne seraient plus qu’environ 1300. Les chaînes et les opticiens low-costs, eux, se répandent. Près de 700 enseignes en Belgique. Du point de vue de l’association des opticiens, pour survivre en tant qu’indépendants, il faut désormais se démarquer en proposant du haut de gamme.

« On ne peut pas concurrencer un produit que les chaînes font. Ce sont des groupements énormes et souvent internationaux. Vous allez essayer de brader quelque chose, ils la braderont encore plus que vous, raconte Quentin Simonet, opticien et président de l’APOOB. Il fallait vraiment trouver des produits plus niches, plus haut de gamme. Des choses qu’on ne retrouvera pas dans les chaînes. »

Selon l’association des opticiens, il faut 3 ans, voire 5 ans minimum, pour se construire une base de clients en tant qu’indépendants. Bastien, lui, estime n’avoir pas d’autre choix que de fermer boutique dans les prochains mois, si la situation persiste.

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