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Les musiques douces et uniformes qui résonnent dans les supermarchés pourraient bientôt laisser place à des compositions générées par intelligence artificielle. Carrefour envisage de franchir cette étape dès l’an prochain. Selon un représentant de l’enseigne, cela offrirait aux magasins la possibilité de diffuser une musique sur mesure, adaptée à des périodes spécifiques comme Noël, tout en réduisant les coûts.
Ce type d’innovation pourrait transformer l’expérience d’achat. D’un point de vue commercial, de nombreuses études le confirment : la musique joue un rôle crucial dans les perceptions des consommateurs. Comme l’explique une spécialiste en marketing : « Maintenant, les recherches montrent que le rythme de la musique, le style de musique impacte les perceptions des consommateurs et leurs intentions d’achat. Et de ce point de vue là, ça pourrait avoir un effet positif. », explique Ingrid Poncin, chercheuse en comportement du consommateur.
Plusieurs sujets de controverse
Mais toutes les voix ne sont pas unanimes sur les bénéfices d’une telle technologie. En effet, selon cette experte, l’intelligence artificielle pourrait manquer d’une composante essentielle aux morceaux musicaux : l’émotion. « Je ne pense pas parce que les émotions risquent de ne pas être au rendez-vous. », poursuit Ingrid Poncin. Si l’IA peut techniquement composer, la question de son impact sur l’expérience humaine reste en débat.
Un autre sujet de controverse concerne les implications financières et culturelles pour les créateurs. En effet, une musique générée par IA permettrait aux entreprises d’éviter de payer des droits d’auteur. Les supermarchés et autres lieux publics réaliseraient ainsi des économies significatives. « Trois albums en moins de trois mois. Velvet Sundown, ce groupe a été généré par l’IA. Pas d’auteur, pas de droit à payer, des économies pour les magasins, » peut-on lire sur le sujet.
Des droits d’auteur en péril
Pour les auteurs-compositeurs, cette transformation pourrait engendrer des pertes considérables. « Jusqu’à 25 % des revenus des auteurs-compositeurs [disparaîtront] vers 2030 », estime un spécialiste. Aujourd’hui, les artistes dépendent fortement des droits tirés de la diffusion de leur musique dans des lieux comme les commerces, les hôtels ou encore les restaurants. Si les boutiques utilisent des musiques artificiellement créées, cela entamerait sérieusement ces sources de revenus.
Enfin, une interrogation plus large se pose : l’IA enrichira-t-elle ou nuira-t-elle à la créativité ? Certains soulignent que, tout comme l’apparition du synthétiseur avait choqué il y a plusieurs décennies, cette nouvelle technologie devra trouver sa place. La différence réside dans le rôle du créateur humain. Comme le rappelle l’histoire, lorsque le synthétiseur est arrivé, « l’homme restait le créateur ».

















