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Il y a treize ans, une simple opération devait corriger le pied malformé de Robbe, alors âgé de six semaines. Une intervention de routine, censée lui permettre de grandir normalement. Mais une erreur médicale a tout fait basculer. Aujourd’hui, Robbe est un garçon lourdement handicapé : il ne peut ni parler, ni marcher, ni manger seul, et possède la capacité mentale d’un bébé. « Cette semaine encore, le téléphone a sonné : il avait fait une crise, l’ambulance était en route. Je te garantis : ton monde s’arrête. » Aujourd’hui, ses parents témoignent et lancent un appel aux dons, car même avec les aides de l’État prévues en cas d’erreur médicale, ils ne s’en sortent pas.
Avant sa naissance, rien n’annonçait un tel drame. « La grossesse s’était très bien passée », raconte Tom, le père de Robbe, à nos confrères de HLN. Le gynécologue avait simplement vu que le bébé aurait un pied bot (une malformation) mais ce n’était pas grave. Cela se corrige facilement. » L’opération était prévue à six semaines, et les parents s’étaient rassurés : tout devait se dérouler normalement. Mais dès le lendemain de l’intervention, tout a dérapé. « Le médecin est venu dans la chambre et nous a dit qu’il y avait eu un problème pendant la narcose. Dans l’hôpital, on sentait immédiatement la tension, comme s’il y avait deux camps : celui du chirurgien et celui de l’anesthésiste. Ma femme et moi avons tout de suite compris que quelque chose n’allait pas, qu’il y avait eu des erreurs. »
Pendant plusieurs mois, les parents ignorent ce qui s’est passé exactement. Puis la vérité éclate : Robbe a reçu, lors de l’anesthésie, un mélange de médicaments presque mortel, provoquant une privation d’oxygène durant plusieurs minutes. Le bébé survit, mais son cerveau est gravement et irréversiblement atteint. « Depuis ce jour, notre vie a été bouleversée », dit Tom. « Le droit de Robbe à une vie digne lui a été retiré à cause de cette faute, et personne ne pourra jamais le lui rendre. Robbe a treize ans, mais il a besoin de soins comme un nourrisson. Il ne peut pas manger seul, ni marcher, ni parler. Son développement s’est complètement arrêté. Il souffre aussi de crises d’épilepsie régulières. La dernière a eu lieu cette semaine. J’étais au travail quand le centre m’a appelé : « Robbe a fait une crise, il est sous oxygène, l’ambulance est en route. » Je te garantis : ton cœur s’arrête. »
Quand Robbe avait six mois, Tom et sa femme Fien ont sollicité le Fonds pour les Accidents Médicaux. « Nous ne voulions pas de procédure interminable contre le médecin », explique-t-il. L’expert mandaté par le Fonds conclut à une faute de l’anesthésiste, et une indemnisation est versée : d’abord 150.000 euros, puis encore 150.000 quelques années plus tard. Mais cet argent est loin de couvrir les frais liés à une vie entière de soins. « Ma femme Fien a dû abandonner son travail. Nous avons dû adapter notre maison, acheter du matériel médical, et les frais de thérapie n’arrêtent jamais. Robbe va dans un centre de soins la journée, et même après intervention, cela coûte entre 1.500 et 2.000 euros par mois. »
La vie familiale est profondément marquée. « Robbe a un petit frère, mais lui non plus n’a pas une vie normale. Nous ne pouvons presque jamais sortir, car Robbe demande une présence constante. Nous devons être disponibles 24 heures sur 24. Je suis employé et dessinateur en activité complémentaire, mais même quand je travaille, je ne suis jamais tranquille. À tout moment, il peut se passer quelque chose : une nouvelle crise, un appel d’urgence. »
Malgré la reconnaissance de la faute, le Fonds pour les Accidents Médicaux a cessé d’intervenir financièrement. Tom et Fien ont donc décidé d’intenter une action contre cette même institution. « L’organisme qui devait nous éviter le calvaire d’une longue procédure nous abandonne aujourd’hui. Pourquoi ? On ne le sait pas exactement, mais on a une idée : le médecin responsable est sous-assuré, et le Fonds ne récupérera jamais cet argent. »
Treize ans après l’erreur qui a brisé leur vie, les parents de Robbe doivent compter sur la solidarité pour survivre. Des actions de soutien sont organisées, comme une représentation théâtrale à Handzame dont les bénéfices servent à financer les soins de Robbe. Du vin est également vendu, dix euros la bouteille, pour aider à payer les factures. « Ma femme et moi n’avons plus le choix », confie Tom. « Nous faisons tout pour offrir à Robbe la meilleure vie possible. Mais ce combat, nous devons le mener seuls. »



















