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Gaëlle, que nous avons rencontrée, est juriste et elle était déléguée pour le syndicat de police SLFP : c’est elle qui traitait les cas de harcèlement jusqu’au jour où elle a elle-même été dénigrée moralement par le président de l’organisation. « Alors que j’étais spécialiste de harcèlement, j’étais victime moi-même de harcèlement et il était tellement imbu de sa personne ou tellement persuadé de son pouvoir qu’il a cru que je ne me battrais pas », détaille-t-elle.
Fin 2024, elle obtient la condamnation du président du syndicat de police pour harcèlement moral et il a fait appel de la décision. Aujourd’hui, Gaëlle va mieux mais elle garde encore des blessures. Elle évoque un dénigrement très insidieux. « Des mots, des insinuations, du dénigrement, ‘tout le monde te déteste’, ‘tes collègues ne t’aiment pas’, ‘tu fais mal ton boulot’, c’est extrêmement rabaissant », se souvient-elle.
Jean-Christophe, lui, est membre de la police fédérale et formateur. Il estime que les mentalités ont très peu changé au sein de la police entre machisme, blague et parfois comportement à connotation sexuelle. « Je constate quand même qu’on reste toujours dans un système patriarcal où c’est toujours l’homme qui domine, qui prend les décisions. Et c’est vrai qu’il y a beaucoup de collègues qui ont tendance à rabaisser la femme à la police même s’il s’est tourné sous forme de l’humour, au moins il y a toujours une part de réalité dans de l’humour. Je dis souvent aux nouvelles collègues qui arrivent qu’elles s’apprêtent à subir ce genre de comportement même si c’est de l’humour, il y a certaines collègues qui ne se laissent pas faire. En général il y en a beaucoup qui font semblant d’accepter et se disent ‘c’est comme ça la police, je n’ai pas le choix’», remarque-t-il.
Avant de se donner la mort avec son arme de service, Elisa avait déposé plainte à l’encontre d’un officier pour harcèlement sexuel mais aussi pour un viol. Lors de ce type d’agression, certains actes doivent alerter. « Si vous êtes victime de harcèlement sexuel, attendez-vous à ce que l’auteur des faits puisse à un moment donné passer à l’acte. Il faut directement mettre un halte si vous êtes victime de cela en prenant contact avec le service de prévention et aller à la police déposer plainte. Surtout n’ayez pas peur », conseille Michael Donatangelo, avocat pénaliste.
Si la victime présumée dit non, il faut également une prise de conscience venant de l’auteur des faits. « Il faut aussi que la personne en face soit réceptive et se dise qu’il est auteur de cette violence et donc je vais arrêter. Très vite, si on voit que ça ne s’arrête pas, je conseillerais d’avoir une personne extérieure qui va faire tampon et qui va pouvoir aussi permettre de calmer la situation », explique Camille Delhoux, permanente en charge des femmes pour la CSC.
Les parents d’Elisa souhaitent qu’un juge d’instruction du parquet de Charleroi se saisisse du dossier concernant les faits de harcèlement sexuel et de viol présumé.


















