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Le projet d’attentat visant Bart De Wever a récemment rappelé que la menace terroriste reste bien présente en Belgique. Depuis le début de l’année, 80 nouvelles enquêtes pour terrorisme ont été ouvertes par le parquet fédéral, un chiffre déjà supérieur à celui de 2024.
Ce regain d’activité judiciaire survient dans un contexte où les capacités policières spécialisées dans la lutte contre le terrorisme ont pourtant fortement diminué. Il y a dix ans, en 2014, la Belgique était confrontée à une vague de départs de jeunes vers la Syrie pour rejoindre les rangs de l’organisation État islamique.
Le pays avait été frappé cette même année par l’attentat contre le musée juif à Bruxelles, marquant le début d’une période particulièrement sombre.
Quelques mois plus tard, une cellule djihadiste était démantelée à Verviers, confirmant que la menace était à la fois grave et imminente. Face à cette réalité, les services de police s’étaient adaptés. À l’époque, en 2015, le groupe Islam de la DR3, la division antiterroriste de la police fédérale à Bruxelles, comptait jusqu’à 120 policiers répartis en douze équipes. Aujourd’hui, ils ne sont plus qu’une quarantaine, soit une baisse des effectifs de près de deux tiers.
Une réorganisation dictée par de nouvelles priorités
Cette réduction s’explique par plusieurs facteurs. D’abord, la menace terroriste, bien qu’encore présente, est perçue comme moins urgente qu’il y a quelques années. L’attention des forces de l’ordre s’est progressivement déplacée vers d’autres phénomènes criminels, notamment le trafic de drogue. Les jeunes recrues sont désormais plus souvent affectées à la division « stupéfiants ».
Les évolutions de carrière au sein de la police contribuent également à ce glissement. Des enquêteurs expérimentés ont accédé à des postes de commissaires, laissant vacantes des fonctions plus opérationnelles. Par ailleurs, à la suite de l’attentat contre le musée juif, une vingtaine de policiers avaient été envoyés en renfort depuis Liège, mais la plupart sont ensuite repartis.
Recrutement difficile et pression constante
Ces départs n’ont pas été compensés. Le sous-effectif touche l’ensemble des services de police, mais la division antiterroriste souffre d’un déficit de popularité. Le processus de recrutement y est plus complexe : il impose la réussite d’un examen spécifique – ce qui n’est pas le cas dans toutes les unités – et l’obtention d’une habilitation de sécurité, une sorte de « super certificat de bonne vie et mœurs ».
À cela s’ajoute une pression professionnelle particulièrement forte. « On n’a pas le droit à l’erreur », a confié un policier à notre spécialiste Dominique Demoulin.
Des vies sont en jeu et, si un attentat survient, il faudra rendre des comptes. Ce n’est pas la même chose que de laisser passer quelques kilos de cocaïne.

















