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« Poursuivies pour les faits les plus graves » : un juge donne trois exemples où la justice ne peut rien faire, par manque de moyens

Par RTL info
Face au manque de moyen de la justice, le juge Denis Goeman partage trois scènes vécues qui montrent selon lui des défaillances inquiétantes : manque de places, peines non exécutées et audiences qui s’éternisent.

Denis Goeman, juge au tribunal correctionnel francophone de Bruxelles, était l’invité du RTL info 19h. Ce vendredi, des centaines d’avocats, greffiers, juges, ou encore personnel judiciaire sont descendus dans la rue pour la deuxième fois en six mois pour dénoncer le sous-financement de la Justice.

Sans détour, il décrit une justice qui ne parvient plus à fonctionner normalement. Trois exemples, vécus ces derniers jours, illustrent selon lui une situation devenue préjudiciable pour la justice et pour le citoyen.

114 jeunes délinquants graves laissés sans solution

Le premier exemple frappe par son ampleur. « 114 jeunes délinquants, poursuivis pour des faits parmi les plus graves comme viol, braquages à répétition, trafic de drogue ou implication dans des fusillades, n’ont aujourd’hui aucune place en centre fermé », explique le juge. « Quand j’entends les réponses de Madame Lescrenier sur votre plateau jeudi, ça m’interpelle. »

Une peine de travail jamais exécutée depuis trois ans

Deuxième scène du quotidien judiciaire : une affaire de cocaïne jugée pas plus tard qu’hier. Le prévenu, déjà condamné trois ans plus tôt pour des faits similaires, vient d’avouer au juge n’avoir toujours pas exécuté sa peine de travail, faute d’avoir été convoqué. « Trois ans qu’il attend. Trois ans sans la moindre exécution d’une sanction décidée par un tribunal », résume Denis Goeman. « Comment voulez-vous que cette personne ne souffre pas d’un sentiment d’impunité ? »

Des détenus acheminés trop tard

Troisième exemple : les audiences des personnes en détention préventive. Ces détenus doivent normalement arriver au palais de justice à 8h30, afin d’être jugés dans la matinée et permettre au magistrat de rendre une décision dans l’après-midi.

« Ils sont acheminés parfois à 13h ou 14h », regrette le juge. « Ce qui fait que les juges doivent rendre des décisions parfois après 20h. »

Pour les magistrats, ces retards incessants deviennent épuisants.« Comment ne pas imaginer que certains finissent en burn-out ? », souffle-t-il. « On en est là aujourd’hui. »

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