Partager:
Condamné à perpétuité pour le meurtre d’Alisson en 2001, Thierry Jaradin bénéficie désormais de permissions de sortie à but thérapeutique, accordées sous forme de deux cycles de six sorties. Les parents de la victime, pas tenus informés des dernières décisions, expriment leur colère et leur douleur : « La perpétuité, elle est pour nous. Nous avons tout perdu, on ne récupérera rien. »
Comme le permet la législation belge, les parents de la victime exigent d’être informés des permissions de sortie accordées par le tribunal d’application des peines. Toutefois, les permissions décidées directement par un directeur de prison ne nécessitent pas nécessairement de préavis pour les parties civiles. Dans le cas de Thierry Jaradin, alors que les premiers cycles de sorties avaient été annoncés, les parents ont ensuite été laissés dans l’ignorance.
Revenir à la vie en société après des décennies derrière les barreaux est un défi complexe. « On ne parle pas de réinsertion parce que cet individu n’a pas véritablement vécu en société », explique Fabian Lauvaux, l’avocat de Thierry Jaradin. Le meurtrier, incarcéré à 24 ans, a passé autant d’années en prison qu’en dehors. Son cas nécessite un accompagnement approfondi dans les domaines professionnel, familial et social. Une tâche longue et délicate, d’autant plus dans des affaires aussi sensibles.
Cette affaire relance également le débat sur la gestion des longues peines, un cas très clivant. L’avocat Fabian Lavaux insiste : « Que fait-on avec les condamnés de longues peines ? Soit on en arrive à une situation extrême qui est de dire qu’ils purgent de manière incompressible jusqu’au bout de leurs jours ou alors on voit ça de manière extrême comme aux États-Unis en relançant le débat sur la peine de mort ou on se dit que l’être humain peut changer. Peut-être qu’à un moment donné, la réinsertion ou l’insertion est encore possible. »
En Belgique, la législation penche en faveur de cette seconde chance, tout en évaluant les dossiers de manière individuelle, à l’exception des passages les plus graves de près de 30 ans de prison ou à perpétuité.
Les exemples ne manquent pas. Léopold Storme, Hassan Iasir, Mudusar Sheikh : des criminels au passé marqué par des actes graves, mais dont les processus de réinsertion ont été acceptés après plusieurs années de détention. Ces décisions, bien que basées sur la loi et un suivi minutieux des condamnés, sont souvent source de controverse au sein de la société et une épreuve longuement douloureuse pour les victimes et leurs familles.
Le droit belge offre actuellement aux victimes la possibilité de s’exprimer devant le tribunal d’application des peines, notamment lors des procédures de réinsertion ou de libération conditionnelle. Cependant, dans certains cas, celles-ci choisissent de ne pas participer, le processus étant trop éprouvant. Pourtant, ce cadre légal reste fondamental dans une approche équilibrée entre justice et potentiel de réinsertion.


















