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Officiellement consacrée mardi à l’évaluation de la loi anti-blanchiment, la commission des Finances de la Chambre s’est transformée en séance d’explications serrées pour plusieurs grandes banques belges, interpellées sur leurs procédures de détection des flux financiers « atypiques ». En toile de fond, l’enquête judiciaire visant l’ancien président du MR et ex-ministre Didier Reynders.
Des représentants de KBC, Belfius, BNP Paribas Fortis, Argenta, Crelan et surtout ING étaient présents. Cette dernière banque est en effet au cœur des interrogations : elle a accepté pendant une décennie des dépôts en liquide totalisant près de 700.000 euros effectués par Didier Reynders, sans jamais signaler ces opérations comme suspectes à l’époque. Le parquet de Bruxelles enquête aujourd’hui sur d’éventuels faits de trafic d’influence et sur la manière dont ING a traité son client.
« Nos systèmes informatiques détectent les transactions atypiques et génèrent des alertes qui sont ensuite analysées par nos équipes », a expliqué Olivier De Maesschalck, directeur conformité d’ING. « La décision finale de signaler ou non revient au responsable anti-blanchiment de l’entreprise, en toute indépendance. » Dans le cas de Reynders, aucune alerte n’avait été transmise, jusqu’à l’entrée en vigueur d’une nouvelle directive.
C’est le député socialiste Khalil Aouasti qui a évoqué directement le nom de l’ancien ministre. « En dix ans, près de 700.000 euros ont été déposés sans suspicion. Puis, une nouvelle directive est entrée en vigueur, une déclaration a été faite, et cinq ans plus tard une plainte a finalement été déposée », a-t-il dénoncé.
Sofie Merckx (PTB) a pointé l’incohérence du système : « ING dit gérer une base de 3,8 millions de clients, dont 2.300 personnes politiquement exposées. Comment Didier Reynders, figure politique de premier plan, a-t-il pu échapper à tout signalement, alors même qu’il s’agissait de dépôts en liquide, sans montage sophistiqué ? »
Plus largement, l’opposition a rappelé que les failles sont structurelles. Selon la Banque nationale, le blanchiment représenterait 16 milliards d’euros par an en Belgique. En 2024, sur 90.000 déclarations suspectes transmises à la Cellule de traitement des informations financières (CTIF), seules 1.300 ont été relayées à la justice, pour un montant d’1,5 milliard. « Scandale après scandale, on constate les carences du secteur bancaire », a résumé Khalil Aouasti.



















