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« Ces revenus protègent de la corruption » : combien touchent réellement les ministres fédéraux ?

Par RTL info avec Benoit Duthoo et Steve Damman
Selon notre dernier sondage, ce sont ministres fédéraux qui paraissent les plus « déconnectés » de la vie quotidienne. L’une des raisons évoquées est souvent leur niveau de vie. Alors quelles sont précisément les rémunérations des ministres du gouvernement fédéral ?

Un peu plus de 250.000 euros bruts : voici la rémunération annuelle d’un ministre fédéral. À cela s’ajoute une prime pour les frais de logement, un peu moins de 2.000 euros net par mois, une autre pour les frais de représentation, différente cette fois pour le Premier ministre et les vice-premiers, un peu moins de 800 euros par mois, et les autres ministres, plus ou moins 400 euros.

« Si on veut comparer et savoir ce qu’ils gagnent concrètement à la fin du mois, on arrive plus ou moins à 13.500 euros net par mois pour un ministre, et ça monte encore de 300-400 euros à peu près pour le Premier ministre ou les vice-premiers ministres. Si on regarde la population belge dans son ensemble et qu’on la classe par déciles, par dixièmes, on voit qu’on est dans le dernier décile, on est dans les rémunérations qui sont les plus élevées, en gros dans les 5 % de la population qui a les meilleures rémunérations », détaille Jean Faniel, directeur du centre de recherche et d’information socio-politiques.

Il faut par ailleurs prendre en compte les particularités de ces fonctions hors du commun. « Vous êtes à la tête d’une structure d’11 millions de personnes. De la disponibilité, c’est tout le temps, vous n’êtes formellement pas en congé. Le Premier ministre peut certes partir en congé, mais vous êtes tout de même responsable du pays, et ça vaut aussi bien sûr pour les ministres et vice-premiers ministres. Et le troisième point, c’est la précarité, c’est-à-dire que vous avez ce poste maintenant, mais ça peut se terminer demain matin, c’est pas un CDI, c’est un contrat très particulier », précise Christian Behrendt, professeur de droit constitutionnel.

Des revenus conséquents qui assurent l’autonomie du monde politique, notamment vis-à-vis des secteurs économiques et industriels. « Imaginez si la fonction n’était pas rémunérée, il faudrait être très riche pour pouvoir exercer un mandat politique, ou être financé par des gens très riches, ou devoir exercer en parallèle un métier rémunérateur, ou directement puiser dans les caisses de l’État, ce qui serait problématique. Donc ces revenus protègent de la corruption, protègent d’abus, de dérives potentielles, et permettent surtout d’éviter que l’économie n’intervienne directement dans l’exercice du pouvoir », précise Jean-François Orianne, professeur de sociologie.

Pour être complet, il faut ajouter que les ministres peuvent toucher des indemnités de départ, une manière de compenser la durée parfois limitée d’un mandat ou d’une carrière politique. « Le gouvernement peut tomber, on peut être contraint à la démission pour une raison ou pour une autre, et dans ce cas-là, on peut alors percevoir une indemnité de départ, comme d’ailleurs les parlementaires y ont droit. Pendant un certain nombre de mois, on a encore des ressources financières, et après cela, ça s’arrête, on n’a pas droit au chômage », note Jean Faniel. « Quand vous mettez tout ça ensemble, je crois qu’on peut dire que vous êtes parfaitement là où en termes de rémunération vous devez être, à mon sens. Si vous comparez la grande industrie, les grandes multinationales, je crois qu’on serait à un multiple de ces montants-là », estime Christian Behrendt.

Dernier élément pour avoir un aperçu global, les ministres rétrocèdent souvent une partie de leur rémunération à leur parti. Le montant de celle-ci dépend des règles de leur formation politique.

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