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« Est-ce que vous connaissiez le dossier et vous l’avez passé sous silence ? » L’affaire Didier Reynders a animé les débats à la Chambre

Par RTL info avec Belga
Les soupçons de blanchiment d’argent visant Didier Reynders ont animé les débats à la Chambre ce mercredi. Devant la commission des Finances, les représentants d’ING ont défendu le rôle du « jugement humain » dans la détection de transactions suspectes, suscitant la colère du PS et du PTB.

Les lourds soupçons de blanchiment d’argent qui pèsent sur Didier Reynders ont plané mercredi au-dessus de la commission des Finances de la Chambre. Des représentants de la banque ING ont insisté sur l’importance du « jugement humain » dans ce type de dossier.

« Même si les procédures sont de plus en plus automatisées, l’appréciation humaine reste essentielle. Dans chaque dossier, il faut une appréciation nuancée. Chaque appréciation de transaction atypique va se faire sur la base des informations dont on dispose à ce moment-là. Il est donc important quand on se penche sur certains dossiers anciens de se demander quelles étaient les informations disponibles à ce moment-là. Il ne faut pas voir les conséquences aujourd’hui. Il ne faut pas oublier non plus que le cadre légal a pu évoluer », a expliqué Olivier De Maesschalck, Head of Compliance d’ING.

« Lorsque nous n’avons pas suffisamment d’informations pour apprécier une transaction, nous pouvons contacter le client. Nous le faisons chaque fois que c’est nécessaire », a-t-il ajouté.

La commission mène depuis plusieurs semaines des auditions sur la mise en œuvre par les banques de la législation anti-blanchiment, à la suite des révélations dans l’affaire qui concerne l’ex-commissaire européen. ING Belgique est sous le coup d’une information judiciaire pour « trafic d’influence » menée par le parquet de Bruxelles en lien avec la gestion de son illustre client, révélait Le Soir en août. Selon le quotidien, l’ancien ministre a déposé, de 2008 à 2018, près de 700.000 euros en liquide sur son compte ING. La banque a interrogé son client en 2018 sur ses dépôts réguliers et importants mais a choisi de ne pas dénoncer ces opérations atypiques à la Cellule de Traitement des Informations Financières (CTIF), l’organe anti-blanchiment, avant 2023.

Les institutions concernées par cette affaire se sont toujours refusées à faire des commentaires sur ce cas particulier, des enquêtes étant en cours. Les représentants d’ING n’ont pas failli à la règle mais leurs explications quand le dossier Reynders a été abordé ont toutefois interpellé des députés.

« Est-ce que vous connaissiez le dossier et vous l’avez passé sous silence ? Est-ce parce qu’une nouvelle directive (européenne imposant de nouvelles obligations dans la lutte contre le blanchiment) allait entrer en vigueur que vous avez convoqué votre client pour lui indiquer qu’il y avait un problème et qu’un comportement devait être modifié ? » a demandé Khalil Aouasti (PS) qui n’a pas caché sa frustration devant les réponses fournies par les banques.

Idem au PTB. « Le cas de M. Reynders saute aux yeux : il y a du cash déposé pour 700.000 euros, c’est une personne politiquement exposée, personne ne peut ignorer qu’il est ministre des Finances, ministre des Affaires étrangères, commissaire européen et cela n’est notifié qu’en 2022, voire 2023 à la CTIF. M. Reynders n’a pas utilisé une procédure complexe, il a déposé du cash », a renchéri Sofie Merckx (PTB).

À entendre la députée, il n’était pas nécessaire d’attendre les directives européennes de 2018 pour agir. La loi de 1993 sur le blanchiment d’argent imposait déjà des obligations aux banques, a-t-elle rappelé.

Le PS a déposé une proposition de commission d’enquête parlementaire sur ce dossier. Le PTB juge également qu’un tel instrument devient nécessaire pour faire la clarté. Le sujet devrait revenir à l’ordre du jour de la commission le 21 octobre.

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