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En Belgique francophone, entre 15 et 20 % des adultes présenteraient aujourd’hui un faible niveau en lecture, écriture et numératie, signale mercredi le cabinet de la ministre-présidente de la Fédération Wallonie-Bruxelles, au lendemain des 20 ans du Comité de pilotage pour l’alphabétisation des adultes. Et ce chiffre est largement sous-estimé dans l’espace public, alors même que ces difficultés ont un impact direct sur l’accès aux droits, l’emploi, la santé, la compréhension des démarches administratives et la participation citoyenne, alerte-t-on.
Plus de 130 acteurs du secteur de l’alphabétisation se sont ainsi réunis mardi à Bruxelles à l’occasion des 20 ans du Comité de pilotage pour l’alphabétisation des adultes, qui coordonne les différents dispositifs existant en Région wallonne, en Fédération Wallonie-Bruxelles et au sein de la Cocof (Commission communautaire bruxelloise francophone). Une Conférence Interministérielle sur l’alphabétisation des adultes a également vu le jour en 2005. Lors de cette journée, les opérateurs d’alphabétisation, les administrations, les chercheurs et les responsables politiques présents ont pu dresser un état des lieux, partager les réalités du terrain, identifier les priorités et réfléchir ensemble aux solutions pour répondre de manière plus efficace à ce « défi sociétal majeur ».
Concrètement quels obstacles ?
Pour les personnes concernées, lire un courrier de l’école, comprendre un courriel d’un service public, compléter un formulaire ou suivre une consigne professionnelle peut en effet devenir un véritable obstacle. Beaucoup contournent alors les difficultés, n’osent pas en parler ou renoncent à certaines démarches, entraînant des situations d’isolement ou de perte de droits. L’analphabétisme ne concerne pas uniquement les personnes récemment arrivées en Belgique et touche aussi des adultes scolarisés en Fédération Wallonie-Bruxelles qui n’ont pas acquis les compétences de base suffisantes.
C’est un phénomène multiforme, profondément lié aux inégalités sociales, à la précarité et à l’histoire scolaire, résume le cabinet de la ministre-présidente de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Les acteurs présents mardi se sont accordés sur plusieurs priorités, parmi lesquelles l’amélioration de la connaissance des besoins des personnes en difficulté de lecture et d’écriture, pour adapter au mieux l’offre de formation, et la stabilisation de financements suffisants pour la bonne mise en œuvre des actions d’alphabétisation en proximité et en horaires adaptés.
Ils préconisent également de mieux outiller les services publics et les employeurs pour repérer et accompagner les personnes en difficulté, et de clarifier davantage le paysage de l’alphabétisation pour renforcer les passerelles entre les différents dispositifs et fluidifier les parcours des apprenants et apprenantes. Il revient à présent aux ministres compétents de se prononcer sur les actions à mettre en œuvre pour les années à venir, concluent-ils.

















