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Raoul Hedebouw était l’invité de l’émission "Face à Buxant" ce dimanche sur RTL TVI. Le président du Parti du Travail de Belgique a été confronté à un entrepreneur. Celui-ci a interrogé Raoul Hedebouw sur le discours du PTB. Selon lui, il oppose salariés et patrons et dévalorise le travail et les risques pris par les patrons.
Martin Buxant: On accueille un entrepreneur. Il s’appelle Hubert Ewbank de Wespin. Il vient de la région de Mons, on le connaît parce qu’on a déjà goûté son vin, c’est le domaine du Chant d’Eole. Vous employez une centaine de personnes dans la région de Mons, dans le Hainaut. On voulait vous avoir avec nous pour voir ce que vous pensiez des recettes économiques de Raoul Hedebouw. Est-ce qu’elles vous font peur?
Hubert Ewbank de Wespin: Evidemment que ça me fait peur en tant qu’entrepreneur quand on entend ces discours assez idéologiques qui essaient de plaire à tout le monde. Ça nous fait peur parce que c’est assez irréaliste.
Martin Buxant: Irréaliste en quoi?
Hubert Ewbank de Wespin: On est des hommes de terrain. Quand on voit la difficulté actuellement pour retrouver de l’emploi, que ce soit dans la vigne, l’horeca ou différents secteurs, c’est assez compliqué pour construire une entreprise durable. Ce qui me dérange surtout, c’est cette lutte des classes que vous mettez souvent sur la table. Et cette séparation entre mes employés, mes travailleurs, avec le patronat. Je pense que justement, il faut créer une famille. Essayer de rassembler les gens, créer une vraie richesse et des avantages avec eux. Là, on met toujours cette opposition entre ces travailleurs et ces patrons, ces entrepreneurs qui prennent des risques.
Martin Buxant: Les nationalisations dont parle Raoul Hedebouw, ça vous fait peur aussi?
Hubert Ewbank de Wespin: Evidemment. On nous prend notre domaine… On est pour la méritocratie, on est pour ceux qui prennent des risques et réussissent. Moi, j’applaudis quand quelqu’un gagne sa vie et devient riche, tant mieux, bravo. Il a pris des risques, il a fait des emprunts, il a mis sa maison en hypothèque. Donc il faut encourager la réussite. C’est ce qui nous fait peur.
Raoul Hedebouw: Évidemment, en nationalisation, on ne parle évidemment pas des secteurs agricoles, et encore moins viticoles. Mais moi, je me rends compte qu’effectivement, dans notre secteur économique, quand on voit les prix de l’énergie, je ne comprends pas pourquoi le plus petit patronat, je ne connais pas exactement votre entreprise, mais ne se révolte pas pour dire: "Comment est-ce possible qu’une multinationale comme Engie nous pille à ce point-là?". C’est pour ça que de plus en plus que de petits entrepreneurs me contactent pour dire: "Je ne suis pas d’accord avec tout votre programme, mais quand vous dites qu’on doit arrêter de dépendre d’une grande multinationale comme ça, vous avez raison". C’est plutôt tendre la main vers ce petit patronat.
Hubert Ewbank de Wespin: Ça me rassure, mais c’est un autre débat. […] Le problème n’est pas là. Le gros problème, il est au niveau du chômage. Trouver la main d’œuvre. Les gens ne travaillent pas. Il y a toujours cette séparation des classes. C’est ça qu’on voudrait vraiment mettre en place en Belgique. Prendre ces chômeurs et les mettre tous au travail. Je pense qu’il faut revaloriser le travail. Il faut donner de la fierté au travailleur.
Raoul Hedebouw: Moi aussi. C’est là aussi où il y a une lutte de classes. Quand vous me dites que dans l’horeca on ne trouve pas de personnel.
Martin Buxant: Mais tout n’est pas une lutte quand même…
Raoul Hedebouw: Attendez, je vais finir cet exemple. L’horeca, j’ai plein de mes potes qui me disent: "Mais Raoul, aller bosser dans l’horeca pour 1.800, 1.900 ou 2.000 euros avec les heures qu’on fait et tout et tout…". Il faut augmenter les salaires dans le secteur. C’est une lutte de classe. Moi je peux comprendre ce côté-là. C’est une lutte de classe si on augmente… Mais tous les secteurs en pénurie. Le deuxième secteur c’est le secteur des soins de santé.
Martine Buxant: C’est une lutte de classe, Hubert Ewbank de Wespin?
Hubert Ewbank de Wespin: Non… J’avais lu dans votre programme par exemple que vous vouliez ramener les 38 aux 30 heures (de travail), mais avec le même salaire. Donc vous imaginez? Ce n’est pas faisable. Vous imaginez sur un produit, sur une bouteille de vin ou sur un pain, je vais dire à mon acheteur: "Désolé, je dois augmenter fortement la bouteille parce que monsieur Hedebouw veut donner le même salaire pour 30 heures". Nous, on a une solution assez facile. Ça me dérange pas de payer 3.000 euros pour un de mes travailleurs, mais je trouve ça inacceptable qu’il n’a que 1.800 euros dans sa poche. Là-dessus, on est plus ou moins d’accord. Tout le monde est d’accord que les bas et moyens salaires sont un problème en Belgique. Ce n’est pas normal que mes travailleurs me disent en fin de mois: "Hubert, je ne sais pas me faire de loisir. Je ne sais pas me faire un resto, je ne sais pas faire plaisir à mes enfants". C’est inacceptable. Mais au lieu de taxer toujours les entrepreneurs, ce que vous appelez les riches, moi, je n’aime pas ce mot riche parce qu’un entrepreneur, pour moi, est un winner, est un gagnant. C’est quelqu’un qui prend des risques, qui donne du boulot, qui crée de la richesse.
Martin Buxant: C’est un gagnant l’entrepreneur?
Raoul Hedebouw: Mais les travailleurs qui produisent la richesse sont des gagnants aussi. Soyons clairs. Ils prennent énormément de risques. D’ailleurs, sans travailleurs… C’est pour ça que le patronat râle dès qu’il y a une grève.
Hubert Ewbank de Wespin: Mais je ne suis pas pour cette lutte des classes.


















