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Bernadette partage son astuce pour contourner les « abus » de Booking : « Quand on dit ça, les clients annulent leur réservation »

Par Margaux Glamocic, Laura van Lerberghe, Nicolas Gustin et Véronique Forest
70 % des réservations passent aujourd’hui par la plateforme Booking. Mais certains propriétaires d’hôtels la dénoncent pourtant, lui reprochant de ne pas être si avantageuse que ça. Ils pointent la commission prélevée par le site.

Au fil des années, Booking.com est devenu le leader européen des réservations en ligne. Selon une étude de la fédération européenne de l’hôtellerie, le site détient aujourd’hui plus de 70 % des réservations sur le continent.

Mais les hôtels sont de plus en plus nombreux à exprimer leur mécontentement face à la domination de la plateforme et aux commissions qu’elle prélève. « On préfère qu’ils réservent via nous en direct, parce que sur les réservations via Booking, les commissions sont quand même importantes. Pour nous, c’est un coût supplémentaire », explique Bernadette, gérante d’un hôtel.

Elle reconnaît néanmoins les « pour et les contre » de la plateforme. « C’est un bon visuel, une belle plateforme pour se faire connaître mais on aimerait bien, par la suite, ne plus devoir faire appel à eux et que les gens réservent tous en direct via nous. Ce serait l’idéal. »

Pour éviter les frais, cette gérante a mis en place une astuce : « Une fois qu’on reçoit une réservation via Booking, on prend contact avec les clients et on leur demande ce qu’ils aimeraient comme forfait. Je leur fais un décompte pour leur montrer que ça leur reviendra moins cher s’ils réservent via nous. Et évidemment, pour nous, c’est aussi plus intéressant qu’ils réservent en direct. Quand on leur explique ça, alors ils annulent et ils réservent via nous », dit-elle.

Action en justice

Face aux frais imposés par Booking, plus de 10.000 hôteliers européens demandent réparation. Ils ont lancé une action en justice collective contre la plateforme de réservations en ligne pour pratiques tarifaires abusives. Ils disent avoir subi pendant 20 ans un préjudice financier, à cause de clauses qu’ils considèrent comme contraires au droit de la concurrence.

« Booking ne permettait pas de vendre à des prix inférieurs sur d’autres plateformes, en ce compris, sur le site propre de l’hôtelier. Il y a eu un préjudice financier qui a été causé par ces clauses de parités abusives qui étaient imposées unilatéralement pendant près de 20 années. Donc, il est demandé à tous les hôtels, et hébergeurs de manière générale, de collecter toutes les factures remontant aux 20 dernières années pour démontrer l’impact et ce cumul des commissions qui ont été payées à Booking pour demander réparation », indique Thierry Neyens, administrateur de la fédération Horeca en Wallonie.

Réponse de Booking

Booking nous a adressé une réponse par mail : « Les déclarations faites par HOTREC et d’autres associations hôtelières sont inexactes et trompeuses. Le jugement de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) auquel HOTREC et ces associations font référence pour justifier une possible action collective n’a pas conclu que les clauses de parité tarifaire de Booking.com étaient anticoncurrentielles. En réalité, la CJUE n’a même pas été saisie pour évaluer si nos clauses avaient des effets anticoncurrentiels ou un impact sur la concurrence. La Cour s’est simplement prononcée sur le fait que ces clauses relèvent du champ d’application du droit de la concurrence de l’UE et que leurs effets doivent être appréciés au cas par cas. Nous souhaitons également confirmer que nous n’avons reçu aucune notification formelle d’une action collective. Des informations complémentaires sont disponibles sur ce lien. »

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