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"Imaginez l'absurdité, le ridicule mondial": Paul Magnette fustige cette idée du ministre de la Défense

Alors que le gouvernement veut porter les dépenses militaires à 2% du PIB d'ici l'été, Paul Magnette critique la stratégie de financement. Opposé à la vente d'actifs publics, il propose d'utiliser les avoirs russes bloqués en Belgique. Il fustige aussi l'achat de F-35, dénonçant une dépendance aux États-Unis.

Où va-t-on trouver les sous pour réarmer notre défense ? Le gouvernement souhaite anticiper ces investissements à 2% du produit intérieur brut (PIB) d'ici cet été. Cela signifie qu'il faut trouver quatre milliards en quatre mois. Est-ce une bonne idée, demande-t-on au président des socialistes, Paul Magnette, invité dans le 7h50 : "En-tout-cas, il faut réinvestir", répond-il. "C'est ce qu'on a commencé à faire avec Ludivine Dedonder (ancienne ministre de la Défense, ndlr). On a réengagé 10.000 militaires, on a augmenté le salaire des militaires, on a augmenté les pensions, car c'est une priorité absolue", rappelle-t-il.

Paul Magnette insiste : "Le monde est en feu. Depuis que Donald Trump est redevenu président des États-Unis. (...) Il représente le principal danger pour le monde".

Là où le socialiste est en désaccord avec le gouvernement actuel, c'est sur la façon d'investir. Pas question de "vendre les bijoux de famille", c'est-à-dire vendre des participations étatiques, comme celles dans BNP Paribas, Bpost ou Proximus. "C'est un calcul à très court terme", assure-t-il. "Vous allez vendre des participations dans des entreprises publiques, privatiser encore des entreprises, vous priver de recettes à l'avenir,... tout ça pour acheter des armes aujourd'hui. Et si c'est en plus pour acheter des armes américaines, c'est évidemment un extrêmement mauvais calcul", estime Paul Magnette.

Il faut réinvestir dans notre sécurité, mais ça ne doit pas se faire au détriment des travailleurs

À la place, le député propose une solution "très simple" : "Il y a plus de 200 milliards de revenus des Russes, qui sont localisés en Europe, ce qu'on appelle les avoirs russes. En plus, il se fait qu'ils sont ici à Bruxelles, en Belgique. On a déjà saisi, sous le gouvernement précédent, à l'initiative des socialistes, 1,7 milliard. Il faut réinvestir dans notre sécurité, mais ça ne doit pas se faire au détriment des travailleurs, des pensionnés, des services publics, ça pour nous, c'est inacceptable", réagit-il.

Des F-35... qui ne pourraient pas voler?

Un autre sujet brûlant est celui des avions F-35 américains. Le ministre de la Défense Theo Francken souhaite en acheter davantage. "C'est une absurdité complète", réagit Paul Magnette.

Imaginez l'absurdité, le ridicule mondial dans lequel serait la Belgique

"Aujourd'hui, on ne sait pas si ces avions vont pouvoir décoller, parce que les Américains peuvent empêcher les F-35 de décoller. C'est un gaspillage colossal d'argent public", fustige-t-il. "Imaginez l'absurdité, le ridicule mondial dans lequel serait la Belgique si ces avions qu'on a payés 5 milliards ne pouvaient pas décoller, qu'on ne pouvait pas les utiliser. Les Européens doivent ne plus faire confiance qu'à eux-mêmes, et ne plus mettre leur sécurité dans la main des Américains, qui sont des dangereux fauteur de troubles".

Plusieurs F-35 avaient déjà été commandés par le gouvernement de Charles Michel. Pourquoi pas "casser les contrats"? "On a analysé la possibilité de casser les contrats, et il faut continuer à l'analyser".

"Dire qu'on va acheter des armes à Donald Trump pour se protéger contre Donald Trump, c'est complètement absurde. Ça montre bien qu'il faut aujourd'hui, au contraire, réinvestir dans la défense, mais faire en sorte que ça profite à notre économie, à nos emplois".

Théo Francken, de son côté, a déjà réagi à la télévision flamande, assurant qu'il n'y a pas de "bouton à la Maison Blanche qui permettrait aux États-Unis de rendre nos F-35 inutilisables", qualifiant cela de "légende urbaine". Il serait en revanche possible que les Américains cessent de fournir des pièces de rechange aux pays européens, ce que le ministre juge impensable.

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