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« Un enfant qui n’aime pas l’école, c’est juste un enfant normal », rappelle Bruno Humbeek, psychopédagogue et chercheur à l’Université de Mons, au micro de Caroline Fontenoy dans Capital Santé. Selon lui, il est illusoire de penser que les enfants doivent spontanément apprécier les matières scolaires : « Si l’école était si aimable, elle n’aurait pas dû être rendue obligatoire ». Parents et enseignants devraient donc cesser de dramatiser le simple « je n’aime pas l’école », qu’il s’agisse d’un enfant après les vacances ou d’un adolescent en pleine turbulence.
Quand le malaise devient inquiétant
En revanche, certains signes doivent alerter. « C’est problématique quand l’enfant ne dit pas seulement ‘je n’aime pas l’école’, mais bien ‘je ne m’aime pas quand je vais à l’école’ », souligne Bruno Humbeek. Harcèlement, sentiment d’être « complètement largué » face aux matières ou anxiété somatique (maux de ventre, troubles du sommeil…) peuvent être les symptômes d’un rejet profond. L’important est alors d’ouvrir un espace de parole : l’enfant doit pouvoir dire qu’il a peur, qu’il est triste ou en colère, sans crainte de décevoir.
Dire stop et accompagner en douceur
Quand l’enfant se sent dépassé, l’adulte doit « dire stop » et l’aider à distinguer ce qu’il comprend, ce qu’il ne comprend pas encore, et ce qu’il ne comprend pas du tout. À partir de ce diagnostic, il est possible de proposer des exercices adaptés, qui vont lui redonner confiance. Pour Bruno Humbeek, il s’agit moins de nourrir la compétition scolaire que de renouer avec le plaisir d’apprendre à son rythme : « Un enfant qui renonce à comprendre parce qu’il se croit incompétent, c’est catastrophique. »
Le piège des bulletins sur les réseaux sociaux
Enfin, l’expert met en garde contre une tendance de plus en plus répandue : publier les bulletins d’évaluation sur les réseaux sociaux. « Un bulletin n’est pas une fiche de paie, ni un baromètre d’intelligence. C’est juste un balisage sur un parcours d’apprentissage », rappelle Bruno Humbeek. Selon lui, cette mise en scène expose inutilement l’enfant à la comparaison et envoie un signal dangereux.


















