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Les émissions mondiales de dioxyde de carbone (CO2) issues des combustibles fossiles ont augmenté d’1,1% en 2025 pour atteindre un nouveau record de 38,1 milliards de tonnes, selon les prévisions du Global Carbon Project, un rapport annuel auquel ont contribué plus de 130 scientifiques. En tenant compte des activités liées à l’utilisation des sols (comme la déforestation), dont les émissions sont en recul de 4,1 milliards de tonnes, les émissions totales de CO2 pourraient cependant avoir diminué légèrement par rapport à l’année dernière, selon ces projections.
La décarbonation des systèmes énergétiques progresse dans beaucoup de pays mais n’est pas suffisante pour compenser la croissance de la demande mondiale d’énergie, constate le Global Carbon Project.
Les émissions liées au charbon (+0,8%), au pétrole (+1%) et au gaz naturel (+1,3%) ont toutes connu une hausse en 2025, selon les projections.
Les émissions en hausse en Asie
Les émissions de la Chine, premier émetteur mondial, devraient avoir progressé de 0,4% en 2025, un rythme plus lent que les années précédentes grâce notamment à une croissance extraordinaire des énergies renouvelables dans l’Empire du milieu.
Les émissions de l’Inde sont attendues en hausse d’1,4%, un rythme de croissance également ralenti, alors que les émissions des Etats-Unis devraient avoir augmenté d’1,9% en 2025. Les émissions européennes seraient également en hausse (+0,4%), selon les projections, entre autres pour des raisons météorologiques, dans un contexte toutefois de baisse depuis plusieurs années.
Alors que l’accord de Paris fêtera ses 10 ans en décembre prochain, l’étude constate que les émissions totales de CO2 ont augmenté plus lentement au cours des 10 dernières années (+0,3% par an) que lors de la décennie précédente (+1,9% annuel).
La concentration de CO2 dans l’atmosphère, principale cause de l’effet de serre à l’origine du réchauffement climatique, a dès lors continué à augmenter. En 2025, la concentration de CO2 dans l’atmosphère aura ainsi atteint 425,7 ppm, soit 52% de plus que les niveaux pré-industriels.
A l’instar d’autres rapports publiés ces dernières semaines, en vue de la COP30, le Global Carbon Projet estime que le budget carbone restant pour limiter le réchauffement mondial à 1,5°C, en d’autres mots la quantité de gaz à effet de serre qui peut encore être émise avant de dépasser ce seuil, est «virtuellement épuisé».
«Avec les émissions de CO2 qui continuent d’augmenter, garder le réchauffement mondial sous 1,5°C n’est plus plausible», abonde le professeur Pierre Friedlingstein, de l’Exeter’s Global Systems Institute, qui a dirigé l’étude.
Un tassement des émissions totales de CO2 en 2025
Au rythme actuel d’émissions, le budget carbone restant pour 1,5°C, à savoir 170 milliards de tonnes de gaz carbonique, sera en effet épuisé en quatre ans, soit avant 2030.
Le Global Carbon Project projette toutefois un tassement des émissions totales de CO2 en 2025, compte tenu d’une baisse des émissions dues à l’utilisation des sols. La fin du phénomène météorologique El Niño (2023-2024), qui va de pair avec des vagues de chaleur et de sécheresse dans de nombreuses régions, a permis aux puits de carbone naturels de retrouver une meilleure capacité d’absorption.
Mais la tendance générale est celle d’un cercle vicieux: le réchauffement climatique freine l’efficacité des puits de carbone naturel, ce qui alimente en retour la hausse des températures. Selon les auteurs du rapport, «8% de la hausse de la concentration de CO2 atmosphérique depuis 1060 sont dus au fait que le changement climatique affaiblit les puits de carbone naturel».
L’effet cumulé des changements climatiques et de la déforestation ont même transformé certaines forêts tropicales d’Asie du Sud-Est et d’Amérique du Sud de puits de carbone en sources de carbone.



















